dimanche 17 juillet 2016

Les médias. Encore.





L’information est la solution à la surinformation. La mesure est celle de la démesure. Il n’est pas question de censurer, mais de doser. Comme ce titre du journal Le Devoir : L’horreur. Encore. J’ai lu Les médias. Encore.

Lorsque survient un événement comme celui de Nice, je trouve les médias agressants. Ils beurrent épais la douleur, de vrais voyeurs. Ils sortent le bulldozer et diront tous la même chose durant 48 heures. Un bulldozer pour tous : Internet, télé, radio, journaux, médias sociaux. Le ton hyper approche l’hystérie. Pas moyen d’y échapper.

S’ils font ainsi, c’est parce que c’est payant. Le commerce prend le pas sur l’éthique. Ce faisant, ils ne servent pas la nouvelle, ils soufflent sur les braises de la panique. Qu’est-ce qui est plus payant : un lecteur informé ou un lecteur énervé? Il y a un problème de ton.

Ce pourrait être simple: Carnage à Nice : 84 morts. Carnage à Bagdad : 292 morts. Deux nouvelles, 10 mots. Bien sûr, des récits journalistiques et des photos. Le problème est dans la surenchère, le grimpage dans les rideaux, le larmoiement inutile. À Nice, pas à Bagdad.

Lorsque l’avion d’Egyptair, reliant Paris et Le Caire, a disparu dans la nuit du 18 au 19 mai, le journal Le soir, de Bruxelles, a demandé à la journaliste pigiste Vinciane Jacquet de ne pas s’en tenir aux « faits », mais d’insister sur « la tristesse des familles » et de « remettre en cause la sécurité de la compagnie égyptienne ». Elle a refusé, les familles ne voulaient pas s’adresser aux médias. Elle a été virée1.

L’objectif premier du terroriste est de semer la terreur. La terreur, c’est une poule pas de tête, des gens qui courent partout, les yeux sortis des orbites, en quête d’ils ne savent trop quoi. Fuir n’importe où, mais fuir. Je comprends qu’un parent qui voit son enfant passer sous les roues d’un camion capote. Je comprends l’effet terrorisant. Mais les médias ont le devoir de doser.

Le calme est l’antidote de la terreur.

Exemple : Mon père vient de mourir dans un accident. En annonçant la nouvelle à la maison, je grimpe dans rideaux, je hurle ma peine, je ne me peux plus. Mon attitude teinte l’événement. La nouvelle n’est plus: papa vient de mourir dans un accident, mais papa vient de mourir dans un accident et je capote!!! Si je reste calme, la nouvelle demeure à l’essentiel : papa vient de mourir dans un accident. Autour de moi, je diffuse une retenue centrée sur papa et non une surexcitation centrée sur moi.

Lorsque survient un événement comme celui de Nice, je coupe tout pendant 48 heures. De toute façon, dès le premier topo, je sais ce qui s’est passé. Je ne pas besoin de me le faire redire ad nauseam, de me faire beurrer le drame de la maman, la peine d’une nation, de Je suis Nice, et ainsi de suite.

Les médias empruntent aux publicitaires leurs techniques de matraquage. C’est le virus Trivago.

Je pense à Winston Churchill. Il a dit aux Anglais Nous allons planter ce bâtard et nous allons suer. Et Churchill a planté Hitler. Il n’a jamais levé le ton. Les Anglais ont fait confiance au ton. Pendant ce temps, il a plu 7 000 tonnes de bombes sur Londres. Le ton leur a fait gagner la guerre.

Le tueur cherche à terroriser; le média vend de l’émotion. Les deux font la paire. Les deux m’agressent, je ferme le volume. C’est une façon de leur botter le cul.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire