dimanche 26 mars 2023

Apprendre

 

Je viens de lire À la racine du raisonnement, un article de Benoit Rittaud.


Benoit Rittaud est enseignant-chercheur à l’Université Sorbonne Paris Nord, dit la note en bas de page 23, dans Le Monde diplomatique de mars 2023.


Monsieur Rittaud évoque la découverte de la racine carrée de 2, il y a 4 000 ans.


1,4142 et des poussières.


Un nombre irrationnel, dit-on de nos jours. À cause des poussières.


Ce nombre a obligé les penseurs au raisonnement mathématique.


Avec les nombres rationnels, tout était plus simple. C’est ce que je comprends.


J’ai la chance de ne pas utiliser les nombres dans mes cours de rédaction. Ainsi, 3 s’écrit trois.


Or, le raisonnement passe non pas par les nombres, mais par les lettres. Elles tracent le chemin de la découverte.


Plutôt que de demander dans un examen deux et deux font combien, je demanderais pourquoi deux et deux font quatre.


C’est la différence entre répéter et raisonner.


Le raisonnement constitue le coeur même des mathématiques, écrit Benoit Rittaud.


Lire un raisonnement expliquant pourquoi deux et deux font quatre exige de l’enseignant à raisonner à son tour.


Cela s’appelle la conversation.


Apprendre n’est pas une répétition du par coeur.


Apprendre, c’est raisonner sur le comment des choses.


La tâche de l’enseignant consiste à transmettre des notions qu’il a eu lui-même du plaisir à apprendre.


C’est la différence entre le passionné et le fonctionnaire.


L’algèbre enseigne les égalités et la géométrie, les inégalités.


Quand j’ai lu ça, j’ai tout compris des mathématiques.


Dans les mots de Benoit Rittaud, le nombre est l’outil des comptables et la géométrie, celui des arpenteurs.


Je me suis consacré aux mots, l’esprit tranquille.


La vie n’était pas plate, il y a quatre mille ans.


Les mathématiques ouvraient les esprits à la découverte.


Comme l’intelligence artificielle aujourd’hui.


Nous n’avons pas assez d’une vie pour faire le tour des vingt-six lettres de l’alphabet.




samedi 18 mars 2023

Pierre Perrault

 

Place à l’imaginaire.


Comme dans Pierre Perrault, un poète sans bon sens. Une série présentée par Joël le Bigot, sur OHdio. En ouverture, le piano de Claude Léveillée.


Le cinéaste documentaire Pierre Perrault a participé à 700 émissions de radio.


La radio est le degré zéro du documentaire.


La tradition orale avec un piton.


À la radio, l’écran est plus large, disait le réalisateur américain Orson Welles.


J’écoute le son. J’imaginaire le reste, dirait Sol.


Faites de la radio, faites de la radio, dit Pierre Perrault. Apprenez ce qu’est la parole.


Une parole pas de dentier change le son d’un homme.


Le dentier est la guimbarde du parleur.


J’ai vu plusieurs fois son documentaire Pour la suite du monde, sur le monde de l’Ile-aux-Coudres.


Je n’écouterais que le son, il serait aussi bon.


Rentré chez lui, Perrault transcrit intégralement les entrevues. Cela donne accès à la structure de la pensée, dit-il, en 1956.


C’est comme l’eau d’un lac. Approchez-vous. Vous découvrez le fond de sable, de roches, un poisson, des matières en suspension, un bout d’herbe, une mouche qui flotte.


Vue de près, l’eau structure votre pensée.


Pour savoir comment qui vous parle pense, écrivez-le.


Pierre Perrault, cinéaste de films documentaires, homme de radio, est épris de mots.


Le réalisateur Podz est en réalité un écrivain. Dans Minuit le soir, il a coupé les mots superflus pour donner la parole à l’homme en amitié.


Le designer Michel Dallaire a conçu le Bixi comme un boomerang. Celui qui revient toujours à sa base.


Le Bixi est un texte.


Le cinéaste Jean-Claude Labrecque se présente comme un archiviste.


Un texte en dit toujours plus long à qui est curieux.


Il suffit de creuser jusqu’à l’auteur.


Je suis de lacs et de rivières, chante Claude Gauthier.


Et les crapauds chantent la liberté, chante Félix.


Merveilleux métier.




lundi 6 mars 2023

Le crime parfait

 

C’est comme si l’oiseau avait explosé en vol.


J’arrive chez moi.


Il y a une heure, il y avait de la neige sur le parterre.


Là, il y a des plumes d’oiseau partout sur la neige sur le parterre.


Sur 80 pieds, il a neigé des plumes.


Des plumes gris et blanc. Des longues et des courtes. Plein de plumes.


Comme si elles avaient été tirées par un canon à confettis.


Elles ont atterri comme des plumes.


Si les plumes sont partout, c’est qu’elles n’ont plus de corps pour les rassembler, ni à réchauffer.


Le choc a dû avoir lieu dans les airs.


Quelques bouts de neige sont tachés de sang.


Rien autour. Aucune trace de cou, de pattes, de dos, de nez, de bec, de tête, alouette.


La chose a dû se passer dans l’arbre. Un érable de près de 80 ans.


Je ne vois pas un chat capable de pulvériser un oiseau.


Un écureuil non plus.


On dit que si un raton laveur entre dans un poulailler, mieux vaut dire adieu aux poules.


C’est la définition du carnage.


La semaine dernière, j’en ai vu deux passer dans la cour, près de la grange voisine.


Cinq minutes après le lièvre.


Le lièvre était encore là, hier soir.


J’en déduis que le raton laveur ne bouffe pas de lièvre.


Il arrive aux ratons laveurs de marcher sur une branche de l’érable pour accéder au toit de la grange.


De là à faire exploser un oiseau sur une branche, il n’y a qu’un saut.


Je mise sur le raton laveur.


J’en conclus qu’il ne mange pas les plumes.


Sans cadavre, pas de crime.


Pas de crime, car il est parfait.