samedi 28 mars 2015

Sonner faux


Vous sonnez faux à la radio, madame Bazzo. C’est aussi bête que ça. Vous hésitez sur le nom d’un organisme, vous perdez le fil, vous cherchez le nom de l’invité. Lorsque l’animatrice cherche le prochain mot, ces sons qui trainent sont mortels.

Vous regardez dehors lorsque vous parlez à vos invités. C’est l’image que vous me laissez. Le réalisateur américain Orson Welles l’a dit, à la radio, l’écran est plus large. Dans mon écran, il y a une fenêtre dans votre studio, vous y êtes souvent.

Vous terminez régulièrement vos entrevues avec des c’est très intéressant, nous allons suivre le dossier, nous avons hâte d’entendre la suite, genre. Des phrases creuses de celle qui n’a pas écouté la conversation, qui n’est pas curieuse, celle qui ne sait pas.

Vous riez là où je cherche le drôle. Vous me donnez l’impression de croire que ce qui est ri est drôle. Lorsqu’il remplaçait au même micro, Franco Nuovo faisait la même chose. Comme la gêne de ne pas être à la hauteur. Comme s’il disait je vais rire, les gens comprendront que c’est drôle. Pire que vous, Nuovo se vantait de son ignorance des choses. Exaspérant.

C’est quoi, concentré? Après vous, Catherine Perrin. Elle est à l’intérieur de ses invités. Elle tricote, elle dissèque. Plus rien n’existe que le moment présent. Elle est collée collée sur ses mots de tout de suite. Pas vous.

Avant vous, René Homier-Roy. Toujours une coche plus vite. Sa concentration nous aspirait dans le micro. Souvent plus renseigné que ses chroniqueurs, il arrivait à surprendre Marc Laurendeau, une référence. Et quand il ne savait pas, il avait l’air du ti-cul qui ouvre un cadeau. René Homier-Roy est monté sur un chassis passablement allumé. Pas vous.

Les débats font votre force. Ces gens que vous invitez depuis longtemps à votre micro, aux opinions aussi variées que vivantes. À la télé comme à la radio. Vous êtes une des seules à ma connaissance à générer autant d’échanges de cette façon. Vous êtes la championne. Mais je ne passerai pas quatre heures le matin à attendre le débat. J’ai donc quitté votre émission bien avant vous.

Voilà. C’est bête, dit comme ça, mais ce n’est pas méchant.