Vous sonnez faux à la radio, madame
Bazzo. C’est aussi bête que ça. Vous hésitez sur le nom d’un organisme, vous
perdez le fil, vous cherchez le nom de l’invité. Lorsque l’animatrice cherche
le prochain mot, ces sons qui trainent sont mortels.
Vous regardez dehors lorsque vous
parlez à vos invités. C’est l’image que vous me laissez. Le réalisateur
américain Orson Welles l’a dit, à la radio, l’écran est plus large. Dans mon
écran, il y a une fenêtre dans votre studio, vous y êtes souvent.
Vous terminez régulièrement vos
entrevues avec des c’est très intéressant, nous allons suivre le dossier, nous
avons hâte d’entendre la suite, genre. Des phrases creuses de celle qui n’a pas
écouté la conversation, qui n’est pas curieuse, celle qui ne sait pas.
Vous riez là où je cherche le drôle.
Vous me donnez l’impression de croire que ce qui est ri est drôle. Lorsqu’il
remplaçait au même micro, Franco Nuovo faisait la même chose. Comme la gêne de
ne pas être à la hauteur. Comme s’il disait je vais rire, les gens comprendront
que c’est drôle. Pire que vous, Nuovo se vantait de son ignorance des choses. Exaspérant.
C’est quoi, concentré? Après vous,
Catherine Perrin. Elle est à l’intérieur de ses invités. Elle tricote, elle
dissèque. Plus rien n’existe que le moment présent. Elle est collée collée sur
ses mots de tout de suite. Pas vous.
Avant vous, René Homier-Roy. Toujours
une coche plus vite. Sa concentration nous aspirait dans le micro. Souvent plus
renseigné que ses chroniqueurs, il arrivait à surprendre Marc Laurendeau, une
référence. Et quand il ne savait pas, il avait l’air du ti-cul qui ouvre un
cadeau. René Homier-Roy est monté sur un chassis passablement allumé. Pas vous.
Les débats font votre force. Ces
gens que vous invitez depuis longtemps à votre micro, aux opinions aussi variées
que vivantes. À la télé comme à la radio. Vous êtes une des seules à ma
connaissance à générer autant d’échanges de cette façon. Vous êtes la
championne. Mais je ne passerai pas quatre heures le matin à attendre le débat.
J’ai donc quitté votre émission bien avant vous.
Voilà. C’est bête, dit comme ça,
mais ce n’est pas méchant.