Le réseau
américain PBS présente le documentaire Our Man in Tehran, du réalisateur
Roel van Broekhoven.
Je pense à mes
étudiants de cegep.
Le journaliste
néerlandais Thomas Erdbrink, correspondant du New York Times en Iran,
est notre homme.
À la pause-café,
ils plongent dans leur écran.
Ce film dure
quatre heures.
Le cours dure
deux heures trente.
L’épisode 2
est sorti le 14 août. Le premier, en 2013.
L’Iran et les
États-Unis sont les deux personnages principaux. L’enjeu : l’image.
Trois périodes
de cinquante minutes, ponctuées de deux pauses de dix minutes, qui en durent quinze.
Entre l’ambassadeur
américain en Iran et le journaliste du New York Times en Iran, je
choisis le journaliste.
Une période de
cinquante minutes est rythmée de contenus de quinze à vingt minutes, sinon
l’attention s’effrite.
Marié à une
photographe iranienne, Thomas Erdbrink parle parfaitement le farsi.
Lorsque les
visages s’allongent, c’est le temps de la pause.
Thomas
Erdbrink part à la recherche de la culture iranienne et, dit-il, de ses
silences.
Plusieurs se
lèvent pour fumer ou café. Les dix qui restent sont scotchés à leur écran.
Quatre heures.
Cinq fois cinquante minutes. Presque deux cours complets sans bouger.
Si on répète
pendant vingt ans à un enfant qu’il est bien de mourir en martyre pour sa
religion et son pays, plusieurs finissent par le croire.
Si un jeune
passe dix ans les yeux rivés à son écran, plusieurs finissent par penser que
c’est ça la vie.
Le monsieur
iranien responsable des contenus diffusés en Iran demande à Thomas Erdbrink de
ne pas présenter l’Iran comme un pays de demeurés.
Il n’a pas dit
demeurés, il a dit arriérés.
Ce film est l’exact
opposé d’un étudiant de cegep.
Il est long et
lent.
Ils sont nerveux,
pressés et portables.
Il faut du
temps pour détricoter des mentalités, comprendre comment les choses se pensent.
Seul le
téléphone est qualifié d’intelligent.
À la fin,
Thomas Erdbrink choisit son pays.
Le cours
commence.