samedi 15 avril 2023

Osmose

 

Osmose. Un mot rare de nos jours.


Il veut dire interpénétration, influence réciproque (merci Wiki).


Collé-collé.


J’ai entendu le mot dans le documentaire Notre-Dame de Paris, le chantier du siècle, épisode 2, L’harmonie des forces.


Il y a 800 ans, on a choisi des chênes dans une forêt. Celui-là, celui-là, pas celui-là.


Une fois taillé, chacun deviendra une poutre dans la toiture de la cathédrale Notre-Dame, à Paris.


On a longtemps pensé qu’il s’agissait de vieux gros chênes, taillés en morceaux. Eh bien non. Des chênes de 60 à 80 ans, longs et droits.


Il y en a eu 1000 en tout. D’où le surnom de « forêt » pour l’ensemble de la structure.


Des chênes par osmose.


Les hommes coupaient un gros vieux chêne. De la souche, poussaient deux ou trois tiges.


Elles montaient droit vers le ciel, en quête de lumière.


Dans leur course, les tiges ne produisaient pas de branches. Cela donnait du bois sans noeud. L’idéal pour un charpentier qui taille des poutres.


C’est ainsi qu’on planifiait les structures de bois des cathédrales. Un siècle à l’avance.


J’aimerais commander 1000 chênes. Mon petit-fils passera les prendre dans 100 ans.


Cela s’appelle investir pour les générations futures. À la vitesse de la nature.


On avait procédé de même 400 ans plus tôt, pour ériger sur le même site la cathédrale précédente.


La semaine dernière, je suis allé chercher quelques planches à clôture, pour réparer des dégâts de verglas. Il y avait des noeuds partout.


L’osmose est un pacte entre deux parties de même nature. Je te donne 100 ans, tu me donnes du bois droit sans noeud.


La patience et la perfection.


Ensemble, nous charpenterons mille poutres.


Je pourrais bâtir des cathédrales, disait mon père.


Les poutres de Notre-Dame ont tenu 800 ans.


L’histoire ne dit pas qui, du grand-père et du petit-fils, a payé les 1000 arbres.


Le chêne et le charpentier.


La nature et l’humanité.





samedi 8 avril 2023

À la claire chandelle

 

Hier, je suis allé à la Grande bibliothèque.


J’ai eu l’idée originale d’aller recharger mon téléphone.


Le rayonnement intellectuel d’un téléphone intelligent varie selon la charge de sa pile.


Durant une panne d’électricité, tous les Bonhommes Sept Heures disparaissent.


Algorithmes, méta données, intelligence artificielle. Tout fout le camp.


L’important, c’est le courant.


Mon ami rédacteur Luc Mérineau signe ses messages avec la mention Intelligence naturelle.


Celle qui revient au galop lorsque le courant ne passe plus.


Nous avons été cinquante mille à avoir la même idée originale.


Il y avait du monde partout. Au rez-de-chaussée, au premier, au deuxième. Toutes les chaises, tous les bancs, les fauteuils, étaient occupés. Même le plancher.


Toutes les prises de courant assignées à ces sièges, aussi.


Des cheveux longs, courts, bouclés, noirs, blancs.


Les sièges disponibles n’offraient pas de prise de courant.


Dans une ambiance feutrée, un écran diffuse un halo, à la manière d’une chandelle.


Le dictionnaire donne en exemple le halo d’un réverbère.


Le contact se fait à la frontière du halo et du regard.


Je ne sais pas ce qui génère le brillant dans les yeux.


Le reflet de la lumière extérieure ou l’appétit intérieur.


C’est le retour à la chandelle. Il y en avait plein, partout.


La lumière est l’interface de la curiosité.


L’intelligence naturelle.