vendredi 16 novembre 2018

Cours de français Doug Ford



Allons-y lentement. Tirer sur une plante ne la fait pas pousser plus vite.

Ne pas confondre hot dog  et hot doug.

Le second est une insulte aux chiens.

Intelligence : passons au mot suivant.

Aimer : ne pas conjuguer avec francophone.

Le joual est une langue colorée et précise.

Exemple : mon gros tabarnac.

Une phrase, c’est un sujet, un verbe et un complément.

Exemple : mon gros tabarnac.

Le verbe est dans le ton.

Joual. Langue de résistance, développée par les femmes montréalaises pour contrer l’anglicisation de leurs maris au travail, dans les années 40, 50 et 60.
Merci Michel Tremblay.

Joual. Langue d’émancipation de tout un peuple. Merci Les belles-sœurs, merci André Brassard.

Belle-sœur : épouse de ton frère, celle qui te poursuit pour une question d’argent.

Argent : c’est devant une piastre que tu connais ton homme. Merci papa.

Vulgarité. Image de marque de la famille Ford.

Progressiste. Mot français. Rien à voir avec conservateur ou Ontario.

Cachette. Jeu pour enfants. Voir Caroline Mulroney. Voir Justin Trudeau. Voir pleutre.

Bière. Première politique du gouvernement élu en Ontario, préalable au verbe roter.

Culture. Voir intelligence.

Phoque. Otarie, comme dans Qu’est-ce qu’une otarie? Merci Jean-Guy Moreau.

Français. Première langue non-autochtone en Grande tortue. Première à courir l’Amérique dans les pas des nations autochtones. Merci Serge Bouchard.

Français. Langue fondatrice de l’Amérique du Nord, à la suite des langues autochtones.

Ignorance. Territoire borné sur tous ses côtés.

For english, dial nine.


jeudi 15 novembre 2018

La musique en héritage



Je regarde Osama Elhady sur youtube. Il est sur une scène, accompagné des deux autres membres du groupe HOH, lors d’une émission de télé égyptienne.

HOH a joué au Festival du Monde arabe de Montréal, vendredi dernier.

On dit d’Osama Elhady qu’il est le meilleur guitariste d’Égypte, le meilleur du Moyen-Orient. Le meilleur au monde?

Dans les années 90, j’emmène mes deux plus vieux au studio Tempo. Nous enregistrons une musique pour une pub McDo.

Je suis excité à l’idée de faire vivre l’ambiance d’un studio à mes enfants. Ils vont rencontrer Jean-Marie Benoit, un fabuleux guitariste.

Nous passons au McDo chercher des Joyeux festins. Heureusement, car mes jeunes n’ont été impressionnés ni par le studio, ni par Jean-Marie. Et pourtant.

Nous offrons parfois des choses aux enfants pour nous faire plaisir, prétextant faire cela pour eux.

Comme les inscrire à l’école privée.

Mes deux filles sont allées à Villa-Maria au secondaire. Monsieur Gignac, le directeur de l’époque, avait dit aux parents nous allons faire de vos filles de meilleures personnes.

Voilà un gros mandat pour une phrase aussi courte. J’ai acheté cette proposition.

Dix ans plus tard, Camille terminait son secondaire. J’ai écrit à la direction et à quelques professeurs.

Madame Johanne Ouimet
Coordonnatrice, 1re, 2è et 3è secondaire
Collège Villa-Maria

Bonjour madame Ouimet,
Samedi dernier, lors de la cérémonie de graduation de ma Camille, sa sœur Stéphanie se demandait si vous étiez présente. Ce n’est pas un hasard. Avec talent, vous avez grandement contribué à faire de mes filles de meilleures personnes.

À une époque, votre nom revenait régulièrement à la maison. Vous avez toujours eu la confiance et l’affection de mes filles. C’est beaucoup.

Je vous remercie pour votre originalité, votre énergie et votre efficacité. Le travail des membres d’une institution d’enseignement est impalpable. Heureusement, les meilleures logent en un endroit unique pour les filles, le cœur et l’esprit.

L’école privée est un coup de dé. Mon fils a eu moins de chance.

J’ai grandi enrobé de musique, la voix de basse de papa.

Mes enfants ont grandi avec la guitare de leur papa, gêné de chanter.

La musique en héritage.

Avez-vous aimé votre journée, les enfants?

Le meilleur guitariste, c’est toi, papa.









jeudi 1 novembre 2018

La voix de la mère


La scène aligne des gens de deux continents : l’Europe, la Grande Tortue et l’Amérique du Nord.

Le respect de l’Histoire est le premier pas vers l’autre.

De gauche à droite, Alice Zeniter, romancière française, d’origine algérienne. Benjamin Stora, historien français, né en Algérie. Michelle Audette, militante Innu, et Stanley Vollant, chirurgien Innu, nés en Grande Tortue.

Le mot-clé est colonisation, ce moment où j’ai cessé de t’écouter. Je suis passé des mots aux chiffres.

Le débat Autochtones, histoire coloniale : comment composer avec l’héritage du passé?sera animé par Jean-François Nadeau, né en Amérique du Nord, journaliste au quotidien Le Devoir.

La rencontre se déroule dans le cadre de l’évènement Le Monde festival avec Le Devoir.

Trois nations, trois approches, trois niveaux de discours.

Nous sommes dans la salle Bourgie, au Musée des Beaux-Arts de Montréal, vendredi dernier. C’est plein.

Le rhume de Jean-François Nadeau lui fait oublier le nom de famille Zeniter.

Il pose des questions en français stratosphérique. Quelque chose m’échappe. Marianne, sors de ce corps.

Benjamin Stora parle du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

Michelle Audette répond au téléphone. Une de ses filles jumelles. Elle a besoin de la voix de sa mère.

Benjamin Stora la regarde et bafouille.

Maman fait des tatas à l’écran.

Alice Zeniter parle de son dernier roman.

Michelle Audette met un doigt sur sa bouche. Maman ne peut pas te parler.

Cette femme a un charme à faire fondre un iPhone.

Le siège du fauteuil de Jean-François Nadeau défonce. Il anime debout.

Stanley Vollant parle de bois, de tente, d’épinettes, de feu, de tradition orale, de grand-père.

Le mot Québec ne veut pas dire là où la rivière rétrécit, mais descends icitte. Jacques Cartier n’a pas écouté.

Il parle de douleurs de la chair, des pensionnats, d’enlèvements.

On vient porter un nouveau fauteuil.

Michelle Audette et Stanley Vollant parlent comme on donne.

Ils donnent un cadeau. Ils donnent à réfléchir. Ils offrent la parole des anciens aux jeunes.

La parole de la Terre, la voix de la mère.

Ils nous donnent la permission de les recevoir sur leurs terres.

Nos souvenirs s’accrochent davantage à l’émotion qui résulte d’un discours qu’à son contenuécrit mon ami Gilles Trudeau, dans son livre Discours gagnant.

Les Premières nations d’ici n’ont jamais été conquises. Les Français, oui.

Le bâton de rêves qui accompagne Stanley Vollant lui donne la force de parler en public.

La foule applaudit.

Elle est conquise.