jeudi 1 novembre 2018

La voix de la mère


La scène aligne des gens de deux continents : l’Europe, la Grande Tortue et l’Amérique du Nord.

Le respect de l’Histoire est le premier pas vers l’autre.

De gauche à droite, Alice Zeniter, romancière française, d’origine algérienne. Benjamin Stora, historien français, né en Algérie. Michelle Audette, militante Innu, et Stanley Vollant, chirurgien Innu, nés en Grande Tortue.

Le mot-clé est colonisation, ce moment où j’ai cessé de t’écouter. Je suis passé des mots aux chiffres.

Le débat Autochtones, histoire coloniale : comment composer avec l’héritage du passé?sera animé par Jean-François Nadeau, né en Amérique du Nord, journaliste au quotidien Le Devoir.

La rencontre se déroule dans le cadre de l’évènement Le Monde festival avec Le Devoir.

Trois nations, trois approches, trois niveaux de discours.

Nous sommes dans la salle Bourgie, au Musée des Beaux-Arts de Montréal, vendredi dernier. C’est plein.

Le rhume de Jean-François Nadeau lui fait oublier le nom de famille Zeniter.

Il pose des questions en français stratosphérique. Quelque chose m’échappe. Marianne, sors de ce corps.

Benjamin Stora parle du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

Michelle Audette répond au téléphone. Une de ses filles jumelles. Elle a besoin de la voix de sa mère.

Benjamin Stora la regarde et bafouille.

Maman fait des tatas à l’écran.

Alice Zeniter parle de son dernier roman.

Michelle Audette met un doigt sur sa bouche. Maman ne peut pas te parler.

Cette femme a un charme à faire fondre un iPhone.

Le siège du fauteuil de Jean-François Nadeau défonce. Il anime debout.

Stanley Vollant parle de bois, de tente, d’épinettes, de feu, de tradition orale, de grand-père.

Le mot Québec ne veut pas dire là où la rivière rétrécit, mais descends icitte. Jacques Cartier n’a pas écouté.

Il parle de douleurs de la chair, des pensionnats, d’enlèvements.

On vient porter un nouveau fauteuil.

Michelle Audette et Stanley Vollant parlent comme on donne.

Ils donnent un cadeau. Ils donnent à réfléchir. Ils offrent la parole des anciens aux jeunes.

La parole de la Terre, la voix de la mère.

Ils nous donnent la permission de les recevoir sur leurs terres.

Nos souvenirs s’accrochent davantage à l’émotion qui résulte d’un discours qu’à son contenuécrit mon ami Gilles Trudeau, dans son livre Discours gagnant.

Les Premières nations d’ici n’ont jamais été conquises. Les Français, oui.

Le bâton de rêves qui accompagne Stanley Vollant lui donne la force de parler en public.

La foule applaudit.

Elle est conquise.





1 commentaire:

  1. "Michelle Audette met un doigt sur sa bouche. Maman ne peut pas te parler.

    Cette femme a un charme à faire fondre un iPhone."

    Je te dois tout Luc :) c'est juste "out of this world", en français on dira : sur le cul d'abord, puis au-delà ;) :)

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