vendredi 25 octobre 2019

Indian Time



Un homme est assis devant une caméra.

Je suis derrière la caméra, dans mon salon.

Un monsieur élégant, dans la soixantaine.

L’élégance est la couche supérieure de la beauté. Andrée Lachapelle.

Il est vêtu de bleu et de gris, comme sa veste. Un contraste avec le fond noir.

On a accroché un micro à sa veste.

Le monsieur a le regard d’un monsieur absorbé dans ses pensées.

Un regard de salle d’attente.

Il fait connaissance avec le studio de tournage.

Sa curiosité est attirée vers la gauche. Il se penche un peu, revient droit, vers la caméra.

L’écran écrit Raymond Watso, Waban-Aki (Abénaquis).

Raymond Watso regarde vers le bas. Le regard remonte, fixe la caméra.

Dans un article, Guy Sioui Durand écrit que Raymond Watso semble peiner à ressasser ses idées pour revisiter le fil de sa vie.

Je trouve que le monsieur ne semble pas impressionné une miette.

Guy Sioui Durand est sociologue de l’art, de la nation des Hurons-Wendat.
Je suis curieux du regard des autres.

La curiosité vise en haut à droite. Elle balaie légèrement, de droite à gauche.

Raymond Watso semble regarder son intérieur. Cela crée un sentiment de vide à la surface.

Un regard de cent-quatre-vingts degrés, comme dans la forêt.

À droite, légèrement vers le haut.

En bas puis, légèrement vers le haut. Revient vers la caméra.

Balaie légèrement.

Il fixe le bas devant lui.

En haut.

En bas.

Légèrement en haut à droite.

Devant.

En bas.

Dans la lentille.

Good evening, my name is Raymond Watso.

What I would like to say about myself, that I’m an alcoholic.

I came in seventy-three from Chicago. I drank for ten more years.

Eighty-three, I stopped.

La scène a duré deux minutes et quatre secondes.

L’écran écrit Indian Time. Il n’écrit pas de Carl Morasse.

La communication dans le silence. Comme le temps.