mardi 17 août 2021

Les mots creux

 

Racisme: idéologie fondée sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les « races » ; comportement inspiré par cette idéologie (Larousse).


Vous aurez remarqué le mot « croyance ».


Pour plusieurs, une croyance est une certitude,. Or, je crois ne veut pas dire je suis certain.


Je crois est assis sur une part d’ignorance. C’est un conditionnel.


Règle générale, le « raciste » est certain de sa certitude. Son ton est celui du dégoût, de la colère ou la haine. Mais si je me fie à mes lectures, le mot lui-même serait en voie d’extinction.


Le mot « race » a été retiré de la Constitution française, en juillet 2018.


Le terme « race » n’est plus utilisé par la majorité des scientifiques, à moins de parler d’animaux, écrit Yves Scamia, dans Science & Vie d’avril 2020.


Comme si nous n’étions pas des animaux.


Et même si certaines études montrent qu’il existe des différences biologiques entre les groupes humains, dit-il, il n’y a pas de sous-espèce d’Homo sapiens. Ce terme est scientifiquement infondé.


Peut-on parler de racisme au sein d’une même race?


L’humanité ne s’en prive pas.


Il y a quelques années, j’ai vu, revu et rere le documentaire « L’ADN, nos ancêtres et nous ». Une histoire de nous, à partir de notre code génétique. Merci YouTube.


Nos ancêtres viennent d’Afrique. De la vallée du Rift, pour être plus précis. Il y a environ 40 000 ans, certains ont quitté le continent, directions Asie, Australie, Europe et Amériques.


Certains avancent 50 000 ou 80 000 ans. L’origine est toujours africaine.


En route, la peau a changé de couleur, vu la géographie et le climat. Le paléontologue français Yves Coppens dit que nous sommes des décolorés.


Bref, lorsque Christophe Colomb a débarqué dans les îles, 41 492 ou 81 492 années plus tard, il s’est retrouvé face à des cousins. Ils ne se sont pas reconnus.


Les mots « race », « racisme » et « personne racisée » n’ont donc pas de sens. Ce sont des mots creux. Et pourtant, ils sont partout, beaucoup dans les médias.


Un média est une bombe. Il dit un mot, il explose partout.


Chaque fois que nous utilisons ces mots, nous affirmons leur existence.


Cela s’appelle clouer un clou.


La raison pour laquelle un Blanc rencontre un Noir à Montréal de nos jours, c’est que le Blanc a quitté l’Afrique, il y a 40 000 ans. Il a eu le temps de décolorer. Le Noir est arrivé récemment, par bateau ou par avion.


Les termes « Noir » et « Blanc » sont apparus au XVIIIe siècle, à l’époque industrielle de l’esclavage. Merci Les routes de l'esclavage (ARTE).


De la même façon, les juifs ont gagné une coche sur les musulmans, lorsque les Français leur ont accordé des privilèges. Merci Juifs et Musulmans (ARTE).


On n’a pas documenté de racisme chez les orques, les lions ou les perroquets. Au mieux, quelques inimitiés entre individus. C’est normal. Moi aussi, j’ai des voisins.


Sapiens est la seule race à prôner du racisme au sein de sa race. Si vous lui posez la question, il vous dira probablement aussi qu’il domine la nature.


Quand j’étais petit, je vivais dans un univers blanc, franco, un peu anglo, et religieux. Les religieux nous enseignaient la peur de l’autochtone.


Le fossé créé entre eux et nous a été rempli de préjugés.


On causait bloke, wops, frog, french pea soup, fif, tapette, nègre, newfie. Une ignorance bilingue.


Les « blokes » étaient nos ennemis. De quoi? Je ne sais pas. Nos ennemis.


Il y avait Nègre comme dans « art nègre », « couleur tête de nègre », « Nègres blancs d’Amérique ».


Mes parents ne parlaient pas bloke, wops, frog, french pea soup, fif, tapette, nègre, newfie. Ces mots venaient de la cour d’école.


Bref, ils ont quitté le vocabulaire courant depuis.


J’ai effacé « race », « racisme » et « personne racisée ». Avec un peu de pédagogie, ils devraient quitter le vocabulaire courant.


Les mots servent à nommer les choses, dit le poète Gilles Vigneault.


S’il n’y a pas de race, je vois quoi? Une humanité, des groupes sociaux, des ethnies, des communautés, du métissage.


Des mots rassembleurs. Un virage boutte pour boutte.


Il faut le dire aux jeunes.


Une autre fois, nous causerons d’appropriation culturelle.


Connaissez-vous quelqu’un qui soit propriétaire d’une culture?





mercredi 11 août 2021

Avancez en arrière

 

Avancez en arrière, s’il-vous-plait, disait le chauffeur d’autobus.


Et nous nous tassions un sur l’autre. S’cusez, s’cusez. Nous avancions à tous petits pas vers l’arrière, essayant de ne pas mettre le pas sur le pied de l’autre.


Il s’agissait d’une consigne progressiste, à l’époque du film 35mm, du vinyle et du papier.


J’ai vu hier le documentaire La mémoire des anges, de Luc Bourdon. Un montage d’images du Montréal des années 50 et 60, fait à partir de 120 documentaires de l’ONF.


Des images magnifiques. Je veux dire, d’une qualité remarquable, même si elles sont âgées de 60 et 70 ans.


Ben oui, dit mon ami Donald. Le film 35mm, c’est du HD. Le numérique n’a pas atteint cette qualité.


Depuis 40 ans, Donald dirige son studio de services techniques. Un des rares à être entièrement équipé en technologie 4K. Donald est ma référence en la matière.


Depuis une dizaine d’années, on assiste à un retour en force du vinyle.


Le vinyle a servi de support musical des années 50 à 80.


Tu déposes le vinyle sur le plateau de la table. Tu actionnes le mécanisme et c’est parti pour une écoute de 20 minutes. Tu tournes ensuite le vinyle sur l’autre face pour un autre 20 minutes.


Le décorum est la manière du rituel.


Le CD et le Mp3 ont dématérialisé le vinyle. Aucun des deux n’a jamais atteint la qualité sonore de l’ancien.


On écoute le vinyle, on entend le CD.


Chaque jour, un exemplaire papier du quotidien Le Devoir trône sur ma table. Je le feuillette régulièrement, du début à la fin et de la fin au début.


Il y a quelque chose de solennel de garder un journal ouvert sur une table. Une table lumineuse. Comme la toile "La conspiration des Bataves", de Rembrandt.


Il ne manque que les yeux.


La nouvelle est matérielle dans son papier.


Ce plaisir dure deux jours la fin de semaine.


Le temps est la denrée rare du siècle. Les criminels paient leurs délits avec du temps.


Le développement technologique n’a pas prouvé être synonyme de progrès.


Il nous a rapprochés en temps réel. Ce faisant, il nous a éloignés les uns des autres, chacun la face dans son bidule.


Les grands gagnants sont ces entreprises des nouveaux médias. Les voleurs d’imaginaire.


Avancez en arrière, disait le chauffeur.


Il est là, le temps.