mardi 30 septembre 2014

Le Petit Poucet


Bonjour, madame Nadon.

Dans les années 60, nous arrêtions régulièrement au Petit Poucet, le restaurant de vos parents. À l’époque, tout véhicule qui se rendait dans les Laurentides passait à votre porte, sur la route 117, à Val-David. Nous, c’était direction La Conception.

Nous étions cinq enfants à l’époque, autour d’une table en bois, dans un univers de bois, à goûter votre jambon et votre sirop d’érable. Assis sur des chaises en bois, nos pieds ne touchaient pas le plancher de bois. Nous étions à l’intérieur d’un arbre.

Une tradition s’imprègne en nous sans demander notre avis. Nous nous sentions chez nous avec votre jambon et vos ragoûts. Je reviens aujourd’hui pour la première fois en sept ans, depuis que le feu a enlevé à nos souvenirs votre beau restaurant.

La nouvelle structure de bois est du même âge que la précédente, vous avez choisi des morceaux de la même famille. Elle est donc imprégnée de la même maturité, elle a connu les mêmes vents et n’a eu aucune difficulté à faire sienne la mémoire du Petit Poucet.

L’architecture diffère de la première. Le plafond cathédrale a remplacé le plafond bas qui servait de plancher au deuxième étage. Au centre de cette cathédrale, le haut foyer et sa structure en bois. Et pourtant, une personne distraite pourrait ne pas se rendre compte de ces changements et croire simplement que ah oui, ils ont changé les salières, c’est ça.

Ce que j’ai aimé de cette nouvelle structure, c’est d’y retrouver intacts mes souvenirs d'enfant. Je me sentais aussi bien aujourd'hui dans votre espace qu'il y a 50 ans. Vous avez rénové en pensant à nos souvenirs, c'est la sensibilité du bois. Un grand tour de force.

Je ne vous connais pas, j’ai su votre nom aujourd’hui, Carole Nadon. Je sais aussi que vous avez remplacé vos parents, comme je remplace les miens.

La beauté des souvenirs d'enfants, ce sont les endroits où ils peuvent se perpétuer. Mes parents ne verront jamais le Petit Poucet nouveau. Et pourtant, ils étaient assis avec nous aujourd'hui. Je vous envoie nos amitiés.





vendredi 5 septembre 2014

Une histoire sans fin


En 1972, un peu avant la rentrée de ma première session au cegep St-Laurent, mon ami Claude Renaud me parle d’une annonce qu’il a vue dans le magazine Perspectives, du journal La Presse. Sur la rue Mayrand, à Ville Mont-Royal, Télé Câble 9 cherche des jeunes pour faire de la télévision communautaire. Nous parlons à des copains en cinéma et nous nous retrouvons à huit dans les studios de Câble 9 pour une soirée de formation. Louis Plante, Denis Tétrault, Louis Adam, Raynald Leblanc, Richard Cusson, notre animatrice Carole Gagliardi, Claude et moi. Nous diffuserons durant trois ans, presque tous les mercredis soir. Télévision Communautaire de St-Laurent (TCSL).

En entrant dans le studio la première fois, j’ai eu un coup de foudre. Ce lieu avait un je-ne-sais-quoi de grand. Notre premier réflexe a été de regarder dans nos entourages pour choisir le thème de notre première émission. Joseph Plante, le frère de Louis, viendra parler d’un camp de nudistes à Rawdon.

Lorsque l’émission était diffusée en différé, nous allions la regarder à la Taverne Principale, la TP, une heure après la production. Un soir, un technicien de Câble 9 a vu notre copain passer nu devant la caméra, un sac de papier sur la tête. Lorsque nous nous sommes retrouvés à la TP, notre émission avait été censurée. C’était l’époque des nuvites.

La semaine dernière, je donnais un cours au cegep Rosemont à des étudiants à leur première session. Je leur ai raconté en ouverture que, en 1972, un peu avant la rentrée de ma première session de cegep St-Laurent, mon ami Claude Renaud m’avait parlé d’une annonce parue dans le magazine Perspectives, du journal La Presse. À Ville Mont-Royal, Télé Câble 9 cherchait des jeunes pour faire de la télévision communautaire. Claude et moi avons parlé à des copains en cinéma et nous nous sommes retrouvés à huit dans les studios de Câble 9 pour une soirée de formation. Nous avons diffusé durant trois ans, à raison d’une émission par semaine, le mercredi soir.

En entrant dans le studio la première fois, j’ai eu un coup de foudre. Ce lieu avait quelque chose de magnétique. Notre première portera sur un camp de nudistes à Rawdon. Joseph Plante, le frère de Louis, sera notre invité.

Lors d’une élection fédérale, les conseillers politiques du député libéral Claude Forget ont mobilisé notre ligne téléphonique pour des appels au public. Ils avaient noté le numéro que nous affichions à l’écran lors de la préparation avant l’enregistrement. Lorsque l’émission était diffusée en différé, nous allions la regarder à la Taverne Principale, la TP, une heure après la production. Les clients trouvaient amusant de voir notre animatrice à la fois derrière une bière et dans l'écran.

Ce soir, j’écris l’histoire de mon cours de la semaine dernière au cegep Rosemont. Comme mes étudiants en sont à leur première session, je leur ai raconté en ouverture que, en 1972, un peu avant la rentrée de ma première session de cegep St-Laurent, mon ami Claude Renaud m’avait parlé d’une annonce parue dans le magazine Perspectives, du journal La Presse. Télé Câble 9, à Ville Mont-Royal, cherchait des jeunes pour faire de la télévision communautaire. Nous nous sommes retrouvés à huit chez Câble 9 pour une soirée de formation. Nous avons diffusé durant trois ans, à raison d’une émission par semaine, le mercredi soir.

En entrant dans le studio la première fois, j’ai eu un coup de foudre. Ce lieu avait quelque chose de suspendu. La première émission a porté sur un camp de nudistes à Rawdon.

Un soir, nous avons reçu une chorale. Comme nous avons oublié de faire une prise de son, nous avons diffusé en ajoutant une musique sur l’image. Lorsque l’émission était diffusée en différé, une heure après la production, nous allions la regarder à la Taverne Principale, la TP. Même si elle était diffusée en direct, nous nous retrouvions à huit à la TP. Louis Plante, Denis Tétrault, Louis Adam, Raynald Leblanc, Richard Cusson, notre animatrice Josée, qui a remplacé Carole, Pierre le nuvite, dont j’ai oublié le nom, qui a remplacé Claude, et moi. Il ne reste rien de toutes ces émissions.

J’ai compris plus tard pourquoi le coup de foudre en entrant dans le studio. Dans cet endroit fermé où tout est possible, le temps n’existe pas.