Bonjour, madame Nadon.
Dans les années 60, nous arrêtions
régulièrement au Petit Poucet, le restaurant de vos parents. À l’époque, tout
véhicule qui se rendait dans les Laurentides passait à votre porte, sur la
route 117, à Val-David. Nous, c’était direction La Conception.
Nous étions cinq enfants à l’époque,
autour d’une table en bois, dans un univers de bois, à goûter votre jambon et
votre sirop d’érable. Assis sur des chaises en bois, nos pieds ne touchaient
pas le plancher de bois. Nous étions à l’intérieur d’un arbre.
Une tradition s’imprègne en nous
sans demander notre avis. Nous nous sentions chez nous avec votre jambon et vos
ragoûts. Je reviens aujourd’hui pour la première fois en sept ans, depuis que
le feu a enlevé à nos souvenirs votre beau restaurant.
La nouvelle structure de bois est du même âge que la
précédente, vous avez choisi des morceaux de la même famille. Elle est donc imprégnée
de la même maturité, elle a connu les mêmes vents et n’a eu aucune difficulté à
faire sienne la mémoire du Petit Poucet.
L’architecture diffère de la première. Le plafond
cathédrale a remplacé le plafond bas qui servait de plancher au deuxième étage.
Au centre de cette cathédrale, le haut foyer et sa structure en bois. Et pourtant,
une personne distraite pourrait ne pas se rendre compte de ces changements et
croire simplement que ah oui, ils ont changé les salières, c’est ça.
Ce que j’ai aimé de cette nouvelle structure, c’est d’y
retrouver intacts mes souvenirs d'enfant. Je me sentais aussi bien aujourd'hui
dans votre espace qu'il y a 50 ans. Vous avez rénové en pensant à nos souvenirs, c'est la sensibilité du bois. Un grand tour de force.
Je ne vous connais pas, j’ai su votre nom aujourd’hui,
Carole Nadon. Je sais aussi que vous avez remplacé vos parents, comme je
remplace les miens.
La beauté des souvenirs d'enfants, ce sont les endroits
où ils peuvent se perpétuer. Mes parents ne verront jamais le Petit Poucet
nouveau. Et pourtant, ils étaient assis avec nous aujourd'hui. Je vous envoie nos
amitiés.
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