dimanche 17 juillet 2022

Souvenir de Trois-Rivières

 


Je suis arrivé à Trois-Rivières sans souvenir.


Trois-Rivières, c’est le lieu des rencontres avec mes cousins cousines Alarie.


Le premier, il y a 60 ans, sur la rue Normand. Quatre adultes et quatorze enfants.


Je me souviens du spaghetti bolognaise de mon oncle Émilien et des biscuits de ma tante Madeleine.


Cela crée des souvenirs de famille, pas de ville.


Durant cinq semaines, cet été, rue Champflour, j’ai eu comme voisine l’arrière-cour de l’hôpital St-Joseph.


Un édifice comme un autre pour moi, parce que sans souvenir.


Si ça se trouve, la famille Alarie est née ici.


La rue Champflour est la rue de la gare, dit mon cousin Jean-Marc. Son père, mon oncle Émilien, y a travaillé longtemps.


Papa l’appelait Tino, à cause de sa chevelure à la Tino Rossi.


Je suis née à l’hôpital St-Joseph, dit mon amie Marie.


Un souvenir, c’est une émotion sur une image.


N’avoir aucun souvenir d’un lieu permet d’observer des choses anodines.


Une rivière, au lieu de trois.

Des maisons collées au trottoir.

Un cimetière aux pierres délavées.

Une femme, là où il y a un homme.


Le souvenir que je rapporte de Trois-Rivières, c’est la tranquillité.


La même tranquillité que celle de mon enfance, les années 60.


C’était tranquille à St-Laurent.


Peu d’avions. Peu de circulation. Pas de métro. Très peu de télé.


La radio des Joyeux troubadours, à Radio-Canada, le midi, en rentrant de l’école. « Entrez,voyons! », chantait la radio.


Pas d’autoroute Décarie, ni 440, ni 640, ni 15 ou 117. Que la route 11.


À 600 milles à l’heure sur la route 11, chante la chanson.


Le défaut de la tranquillité, c’est qu’on l’apprécie une fois qu’elle n’est plus là.


Je rentre à Montréal par l’autobus de 17 h 30.


Je marche sur la bruyante rue Berri.


Je prends le bruyant métro, jusqu’à Côte-Vertu.


Traverse la bruyante rue Décarie.


Arrive chez moi, m’assois dans la cour.


Un bruyant avion passe, direction Dorval.


La tranquillité est une entente tacite.


Elle ne s’emporte pas dans une valise.


Il est 4 h 15.


La porte patio ouverte laisse entrer l’air frais.


J’écoute L’heure du monde, animée par Louis Blouin, à la radio de Radio-Canada.


J’éteins la radio.


Et chantent les oiseaux.