dimanche 31 mars 2019

Les nouveaux publicitaires


Ça se passe sur le plateau de C à vous, à France 5.

Félix Suffert Lopez et Arnaud Lievin, causent de fake news.

En français, on dit infoxpour information et intoxication, mensongère ou délibérément biaisée (merci lemonde.fr).

Une infox, deux infox.

Félix Suffert Lopez et Arnaud Lievin sont auteur et réalisateur de la série documentaire Fake News, la fabrique du mensonge.

L’infox est fabriquée.
Elle sert les intérêts de quelqu’un.
Elle a l’air crédible.
Elle joue sur l’émotion.
Elle n’est pas gentille.

Certaines infox ont la vie dure.

Le président français Emmanuel Macron est homosexuel.
Les Mexicains illégaux vont envahir les États-Unis.
Chaque semaine, l’Angleterre verse trois-cent-cinquante millions d’euros à l’Europe.
Le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, cause l’autisme.
Douze soldats canadiens tués à Dombås, en Ukraine.
Les faux sourcils de Justin Trudeau.
Les amis Facebook.


Le mensonge est plus sexy que la vérité.

Les auteurs d’infox vivent très bien de leur art, dit Félix Suffert Lopez.

Ce sont les nouveaux publicitaires.

La pub fabrique de l’image.
Elle sert les intérêts de l’annonceur.
Elle joue sur l’émotion.
Elle est gentille.
Elle est plus sexy que la réalité.

En 1961, Daniel Boorstin a appelé ce phénomène pseudo-event, pseudo-événement.

Les relations publiques, la publicité et les médias fabriquent des pseudo-événements. Qui ont l’air de, mais qui n’en sont pas.

Plusieurs nouvelles sont des pseudo-événements.
Une conférence de presse est une nouvelle formatée. Faire de l’événementiel en relations publiques, c’est fabriquer des pseudo-événements. Dorer la pilule.

Comme si, à Monaco, chaque ligne droite laisse le moteur turbo de 2,0 L en option de la Cadillac ATS, exprimer à la fois toute sa puissance et sa douceur.

Ben voyons. À Monaco en Cadillac ATS, tu fais rire de toi.

Les auteurs d’infox sont anonymes.
Les commanditaires d’infox sont cachés.
Ils désinforment dans le but de fourvoyer le canin (merci Jean-Guy Moreau).
Ils veulent le mal.

Les concepteurs publicitaires sont anonymes.
Les annonceurs publicitaires sont le plus public possible.
Ils séduisent dans le but de vendre.
Ils veulent votre bien et ils l’auront (merci Les Cyniques).

Pour ce qui est du travail des concepteurs, c’est la même poutine.




lundi 25 mars 2019

The Crossing


Johnny Clegg doit être un mauvais monsieur.

Il est Blanc. Il chante et danse en zoulou.

De la culture de Noirs.

En Afrique du Sud.

Pauvre Johnny. S’il était au Québec, il se ferait ramasser d’aplomb.

S’approprier, verbe du premier groupe, comme chanter et voler.

Johnny Clegg a 14 ans. Le concierge musicien zoulou Mntonganazo Mzila lui dit je te montre quelque chose.

Johnny regarde la musique, la danse, l’amitié. Il dit oui au Zoulou.

Mon copain Laurent me dit veux-tu acheter une guitare, 10 piasses.

J’ai 12 ans. Je regarde la guitare, la musique, je dis oui. Ça dure depuis cinquante ans.

Johnny Clegg a passé sa vie à porter les couleurs zouloues sur les scènes du monde.

Il a chanté Asimbonanga Mandela, nous n’avons pas vu Mandela.

Nelson Mandela dansait. Le veston zoulou de Johnny aussi.

Dans l’édifice de l’humanité, la culture loge juste au-dessus des couleurs.

Vous mélangez les couleurs, vous obtenez de la culture.

Je google clegg friends, et clique The Crossing.

Des Blancs et des Noirs chantent en Zoulou la chanson d’un Blanc.

Une chatte cherche ses petits.

Attache ta tuque, il y a de la voix.

L’antidote à l’ignorance, c’est la couleur.

La première chose que j’ai à te montrer, c’est ma culture.

Tu y goûtes, elle devient meilleure.

Nous sommes les gardiens de la culture, pas les propriétaires de ni les voleurs de couleurs.

Johnny Clegg est devenu zoulou pour changer ma vie. 




dimanche 24 mars 2019

Sam Haroun


Sam Haroun a publié un texte dans Le Devoir. Ça s’intitule La diplomatie de Justin Trudeau, le ratage du siècle.


Lorsque je vois le nom de Sam Haroun, je le lis toujours. Ce n’est jamais plate.

Je résume : Justin Trudeau est un selfie pas de couilles. Du jaune en Inde.

On entend souvent en diplomatie que, face à un gros joueur, la Chine, l’Arabie Saoudite, mieux vaut rester tranquille et s’écraser.

C’est l’approche des peureux.

Le père de Justin utilisait le mot pleutre.

Parlant du père de Justin, il avait des couilles et pas de selfie.

Lorsqu’il a décidé d’aller en Chine, les États-Unis étaient dans tous leurs états.

Il a dit phoque you.

Lorsqu’il s’est agi de son amitié avec Fidel Castro, rebelote.

Il a dit phoque you.

Il avait un doigt levé, celui du milieu. Et il est allé à Cuba.

Fidel portait bien son nom, il est venu aux funérailles du père.

C’était l’époque des hommes.



dimanche 17 mars 2019

Pas de deux


Nadia Comaneci a l’air grave. Tous ces gens de Roumanie et d’Europe de l’Est ont l’air grave. Ils font la file pour acheter du pain.

Les images couleur en provenance de l’Union Soviétique arrivent en noir et blanc. Les regards sont gris comme le linge. C’est ce que nous montre la télé.

Nadia Comaneci, 16 ans, avance sur la poutre comme si elle était chez elle. Elle saute, se cabre, fait des roulades.

La Roumanie est une poutre.

Dans le film Pas de deux, la ballerine bouge le bras. Le temps que le mouvement s’en rende compte, voilà le geste démultiplié, un, deux, trois, quatre, cinq, jusqu’à onze bras.

Dès que le bras arrête, le mouvement vient le rejoindre, onze, dix, neuf, huit, jusqu’à un bras.

Chaque geste est échelonné onze fois. Il est découpé dans un effet de vague au ralenti. C’est l’art de la beauté.

Lucky Luke, l’homme qui tire plus vite que son ombre.

Le présent entraine une partie de son passé.

Le réalisateur Norman McLaren a mis au monde cette grande humanité à l’ONF, tout près de chez moi.

Nadia Comaneci survole la poutre. Je la vois en pas de deux.

Sara Montpetit a l’air grave. Elle dit je ne veux pas avoir d’enfants, j’ai 17 ans.

À Radio-Canada, elle explique au journaliste Patrice Roy le mouvement de grève pour le climat. Une marche aura lieu aujourd’hui.

Sara Montpetit est inspirée par l’étudiante suédoise Greta Thunberg, 16 ans.

Greta Thunberg fait chaque vendredi une grève pour le climat.

Au début, elle était une.

Elle est allée dire aux gens de l’ONU arrêtez de rêver, paniquez.

Le geste de Greta Thunberg a été découpé dans un effet de vague au ralenti. Ils seront vingt-cinq mille, cent-cinquante mille pas de deux, ce vendredi.

L’école va subir un test, elle n’a jamais enseigné la rue.

François Legault a l’air grave quand il parle d’environnement. Ce comptable premier ministre du Québec est à l’aise avec les quantités. Il l’est moins avec la qualité, l’air, l’eau, la vie.

Les grandes distances de l’univers se situent entre les deux hémisphères de notre cerveau.

Ce vendredi 31 octobre 1969, Jean Aubry, 14 ans, s’est retrouvé debout, dans la poubelle de la classe, un drapeau du Québec en carton collé sur le front. Il allait manifester contre le Bill 63. Le directeur l’a intercepté à l’arrêt d’autobus. Il lui a dit enlève ce drapeau.

La parole est toujours prise, jamais donnée.

Nadia Comaneci est la première militante des jeunes de l’ère des médias. Elle a pris la poutre.

Elle a réinventé les mathématiques aux Olympiques de 1976 à la télé. Le tableau indicateur Swiss Timing a noté 1 sa performance, incapable d’aller au-delà de 9.9.

Les œillères des grands.

Greta Thunberg a pris le micro.

Sara Montpetit a pris la vague.

On devrait peut-être l’écouter.