mardi 22 janvier 2019

Une tempête parfaite


SLAV est la grande réussite de Robert Lepage.

Le théâtre est descendu directement dans la rue. Avant même de monter sur scène, le nombre de détracteurs dépassait le nombre de spectateurs.

Pour une rare fois, le public québécois s’est intéressé à l’Histoire.

Ça fait changement que de tergiverser sur le but d’Alain Côté.

J’ai vu le documentaire Entends ma voix.

La controverse SLAV est une rencontre d’ignorances entre lettrés.

L’ignorance est une bonne chose, elle rend la curiosité utile et les mots, antidotes.

Les Blancs ont ignoré les Noirs.
Les Noirs ont ignoré les Slaves.
Béatrice Bonifassi n’a pas allumé et ainsi de suite.

Une tempête parfaite. Toi, la poudre, toi, la mèche et moi, la cartouche.

Et pourtant, tout le monde savait.

Robert Lepage avait vu venir le coup. Jérôme Pruneau aussi, Webster aussi.

Les mots ont aboyé, la caravane n’est pas passée.

Le conflit s’est démultiplié, de la scène vers la rue, les médias, le pays, l’océan, le documentaire, les foyers.

La première victime est l’ignorance.

Ce n’est pas tant s’approprier que s’apprécier, dit le comédien Maka Kotto. Au lieu de voler, j’échange.

Robert Lepage se pose des questions qu’il ne s’était jamais posées, dit la réalisatrice Véronique Lauzon.

Travailler, c’est entreprendre de penser autrement que ce qu’on pensait avant, disait le philosophe français Michel Foucault.

Plusieurs révolutions de mon éducation sont arrivées par la scène.

Zone, de Marcel Dubé.
Des souris et des hommes, de John Steinbeck.
Les Belles-sœurs, de Tremblay et Brassard.
L’Osstidcho, de Charlebois, Forestier, Deschamps et Mouffe.

Le journaliste Albert Londres disait que son travail consiste à tremper la plume dans la plaie.

Dubé, Steinbeck, Tremblay, Lepage enseignent à monter aux barricades.

Ils sont de l’école qui fait du bien.




samedi 12 janvier 2019

Monsieur l'indien



Mes amis me demandent pourquoi les autochtones.

J’arrive chez vous. Pouvez me garder à souper?

Merci. Est-ce que je peux dormir ici?

Je me sens bien chez vous, je vais rester quelque temps.

Le cadre est un peu croche. Je vais vous montrer comment on accroche un cadre.

Et merci pour la chambre de votre fille.

Je vais installer ma famille chez vous. Calmez-vous, je vous ai trouvé un endroit pour vivre.

Un bel endroit, avec des belles clôtures.

Vous allez l’aimer, ma culture.

Vos enfants vont aller dans mes écoles. Ils vont apprendre à bien se tenir et à bien causer. Ils vont être beaux avec des cheveux courts.

Du calme, moi aussi, j’ai un fusil.

J’oubliais. Vos enfants vont aller en adoption. Il leur faut des parents, des vrais.

Je m’intéresse aux autochtones pour couper le gras dans les mensonges de mon histoire.

Les autochtones, oui, les Blancs surtout.

En plus de se servir dans le pays comme un bar ouvert, les miens arrangeaient leurs histoires pour se donner la belle part. Pas les paysans, les curés.

Depuis quelques années, je vois ce qui s’est vraiment passé.

C’est bête à dire comme ça, mais la vérité est autochtone, le mensonge est Blanc.

Chaque élément nouveau sur l’un m’enseigne sur l’autre.

Je ne sais pas comment vous vous sentez, moi, c’est maudite gang de lâches.

Le Canada est bâti sur une politique raciste et génocidaire.

Le pays en question, nous l’avons volé. Je veux votre bien et je l’aurai, riaient Les Cyniques.

Les génocidaires ne sont pas uniquement allemands, turcs ou rwandais. Ils sont aussi canadiens, des spécialistes du long terme.

Je vous mets au défi de lire le volume 1 du rapport Vérité et réconciliation. Je ne me suis pas rendu à la moitié.

Il y en a six.

Comment nous avons fait, c’est documenté. Pourquoi nous l’avons fait, c’est documenté. Pourquoi nous le faisons encore, fouille-moi.

Mes enfants n’ont pas à être aussi ignorants que je l’ai été.

Ceci dit, je n’ai rien inventé. Cliquez Monsieur l’indien, sur youtube. Merci Péloquin, merci Sauvageau.

Le Canada est un selfie du plusse meilleur pays au monde.

Un ignorant qui sourit.