dimanche 21 août 2022

Silence

 


Vendredi, je rentre à Montréal par l’autobus de 17 h 30.


Trois-Rivières-Montréal, en deux heures.


Je m’assois dans les premières rangées, près de la fenêtre.


Le format des fauteuils est conçu en fonction d’une surface habitable et d’un gabarit.


La taille moyenne des gens.


Notre société privilégie le moyen. Il se gère.


La couette qui dépasse échappe au gestionnaire.


À six pieds un, je suis à l’étroit dans mon fauteuil. L’appuie-tête accommode mon cou.


Une jeune femme s’assoit à ma gauche.


Ses ongles sont naturels.


La femme est belle sans maquillage.


Le ronron de l’autobus incite à la somnolence.


Somnoler, comme un moteur au neutre.


Le corps de ma voisine oscille. Sa tête cherche un ancrage.


L’oreiller.


Elle s’appuie sur mon épaule.


La tête se redresse, comme pour s’excuser.


Elle revient lentement. Accoste. Repart.


Plus elle revient, plus elle prolonge son séjour.


Proposer mon épaule à la tête chasserait le naturel.


Rouler la nuit est ma chanson préférée de Beau Dommage. La ligne blanche te mène par le bout du nez, chantent les voix.


Une tête sur une épaule est un signe de confiance.


Je suis à bon port, dit la tête.


Le dernier séjour dure environ 10 minutes.


La jeune femme se réveille. Nous voilà à Repentigny.


Elle descend de l’autobus.


Il n’est pas nécessaire de parler pour échanger.


Le silence fait très bien l’affaire.




lundi 15 août 2022

Le nouveau patron

 


Aujourd’hui, notre nouveau patron a distribué des promotions à tous les membres de la famille.


Stéphanie est devenue maman.


Firass est devenu papa.


Louis Karim, oncle.


Camille, tante.


Micheline, grand-maman.


Moi, grand-papa.


Pas de hausse de salaire à la clé, mais des années de bénévolat heureux.


Le nouveau patron s’appelle Milan.


8 livres, 5 onces.


Une bouille d’enfer.