La grotte de Chauvet, en France, est la plus ancienne grotte d’art pariétal de l’humanité. 35 000 ans.
Des artistes ont gravé et peint des silhouettes de lionnes, de lions, de hiboux, rhinocéros, chevaux, rennes, mammouths laineux, d’aurochs et de bouquetins.
Grâce à un artiste Cro-Magnon, j’ai d’appris à quoi ressemblent un auroch et un bouquetin. Une phrase de trente cinq millénaires.
Cro-Magnon ou premiers Homo sapiens sapiens.
On compte environ trois cent cinquante grottes ornées dans le monde. Plus de la moitié se trouvent en France (merci Wiki).
Le temps n’a pas de prise sur l’humanité.
L’artiste a ajouté quelques humains, pas beaucoup. Et des centaines de mains en renversé.
Il est difficile de trouver plus belle expression humaine sur la planète.
Mes premières images montraient des animaux à la chasse.
Il y a trois cent cinquante siècles, un bison comptait quatre pattes. Les lions n’avaient pas de crinière et les lionnes chassaient le bison.
Plus tard, j’ai vu le documentaire Quand homo sapiens faisait son cinéma, co-réalisé par l’archéologue français Marc Azéma.
Une leçon de lecture de l’art pariétal.
La présentation débute par un bison à huit pattes.
Quatre pattes du début d’un mouvement et quatre de la fin du même mouvement. Il a beau être fixé sur la roche, le bison bouge.
L’artiste reproduit deux temps d’un mouvement. Le lecteur crée la séquence. S’il entend le son des sabots dans sa tête, nous voilà au cinéma muet avec son.
L’imaginaire est l’ancêtre de la technologie.
Dans un ordi, l’effet animé est saisissant. Des scènes de rut aux scènes de chasse.
Si j’avais huit pattes, je bougerais aussi.
L’image a précédé l’écrit de trente mille ans. Ça s’est passé il y a cinq mille ans, dans la ville d’Uruk, en Mésopotamie (Irak). L’écriture cunéiforme.
Il y a Marc Azéma le chercheur. Il observe sur le terrain. Il discute, lit, photographie.
Une observation peut prendre vingt ans avant de devenir une hypothèse. C’est court, vingt ans. Il y en a 1750 dans 35 000.
Observer, c’est organiser une nouvelle lecture.
La roche est l’ancêtre du papier.
Il y a Marc Azéma le communicateur. À la suite du documentaire, il écrit La préhistoire du cinéma, la version imprimée du film. J’y suis tombé comme dans une grotte.
Marc Azéma se donne les moyens de sortir l’art pariétal des grottes pour le diffuser dans nos écoles et nos salons.
Le documentaire et le livre donnent la parole à Iegor Reznikoff, anthropologue sonore. Il s’est posé une question: Y a-t-il une corrélation entre les emplacements des peintures dans la grotte et la qualité sonore?
La réponse est oui. Les endroits de la grotte contenant le plus de dessins sont aussi les plus intéressants du point de vue acoustique, dit-il.
La dessin à plat passe à la bande dessinée, au film muet 3D avec musique a capella, et presqu’au ciné-parc. Mais il y a plus.
On entre dans une grotte comme dans la tête de l’artiste. Sur les parois, des scènes quotidiennes de chasse, de spiritualité et d’humanités.
Une harde de lionnes poursuit un rhinocéros. La chasse occupe une bande dessinée sur deux panneaux. Le crâne offre plus d’espace qu’une grotte.
Dans cette scène, la quinzaine de corps d’animaux ne compte en tout que deux paires de pattes. Cela suffit pour créer l’illusion.
Lorsqu’il présente un tour, l’illusionniste Luc Langevin dit que l’imagination du public complète le geste amorcé par lui.
Le petit garçon est tout excité par ces histoires, alors que la lumière faiblit avant le spectacle.
L’hommage à Rosa Luxemburg, du peintre Jean-Paul Riopelle, mesure quarante mètres. C’est un peu notre grotte de Chauvet, au Musée national des beaux-arts du Québec.
Des oeuvres aussi parfaites ne peuvent avoir été réalisées en une seule fois. Il doit y avoir des grottes brouillons ailleurs.
Cela laisse à penser que de plus anciennes restent à découvrir.
Les pyramides à étages de Saqqarah, en Égypte, sont les premières au monde. Aujourd’hui, elles s’affaissent sous leur poids.
Elles ont probablement servi d’exemple pour la construction des pyramides de Gizeh. Deux millions de blocs pour atteindre la perfection.
Il devrait en être de même pour l’art pariétal.
C’était il y a 35 000 ans.
La séquence du film lance l’histoire.
Le public l’enrichit en se disant quelle belle soirée.
Et maintenant, allons dormir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire