samedi 6 septembre 2025

Nos peuples fondateurs

 

Nous venons d’assister à une rencontre entre nos peuples fondateurs.


Ils sont au nombre de douze.


À tous seigneurs, tous honneurs, les onze Premières nations.


Abénakis, Anichinabés, Atikamekw, Eeyou, Wendat, Innus, Inuit, Wolastoqiyik, Mi’gmaq, Kanien’keha:ka, Naskapis.


En texte sous-titré: Peuple du matin, Être humain, Poisson blanc, La terre du peuple, Habitant de l’île, Humain, Humain, Peuple de la belle rivière, Les gens, Peuple de la lumière, Humain.


On ne peut reprocher aux Premières Nations certaines parentés dans leurs dénominations. Après tout, ils ont partagé des dizaines de millénaires sur la Terre Mère.


Ce qui me frappe chez elles, c’est la cohérence des récits. Autochtones des Amériques, d’Asie ou d’Océanie, le relation au territoire est fondamentale. Des histoires tissées serré.


Ce doit être le vent.


La première rencontre fondatrice de nos peuples fondateurs a eu lieu en 1603, lors d’une tabagie. De l’algonquin (Anichinabés, Être humain) tabagia « festin », avec influence de tabac. (merci Usito).


Cela s’est passé à la Pointe des bécasseaux. Teshtapishish-Kaneiat, en Innu moderne.


Cette pointe, aussi appelée Pointe-aux-Alouettes ou Pointe Saint-Mathieu, est située à Baie-Sainte-Catherine, au haut de la côte. Si vous passez tout droit, vous descendez la côte et atterrissez directement dans le traversier vers Tadoussac.


Vu de la terrasse de l’Hôtel Tadoussac, de l’autre côté du fjord, c’est la deuxième pointe, sur votre droite.


Vous demandez la permission au propriétaire de marcher la pointe. Sur le chemin, vous croisez des arbres et le temps. Ce sont les gardiens de l’histoire.


Une rencontre de famille ici doit être assez agréable. Le tambour résonne dans le vent et dans les feuilles. Il sent le feu de camp et parle douze langues.


Au bout de la pointe, une plaque sur un kiosque commémore la tabagie.


Le chef Innu Anadabijou rencontre Samuel de Champlain, le 27 mai. Il y a plus de mille autochtones sur le site. Les deux chefs s’entendent sur une entente. C’est la Grande alliance de 1603.


Et les crapauds chantent la liberté.


En réalité, Samuel de Champlain accompagnait son patron, François Gravé du Pont, émissaire du roi Henri IV.


Pour la première fois depuis 1534, l’européen avait l’intention d’établir une relation durable avec son hôte autochtone. Voilà pourquoi plusieurs historiens fixent la date de fondation du pays au 27 mai 1603.


C’est à se demander si Jacques Cartier a gardé un souvenir de son voyage de 1534. Lorsqu’on s’adressait à lui, lit-on, il regardait ailleurs. Il cherchait l’or.


Partout ailleurs sur les deux continents, les rencontres avec les européens ont mal tourné. Il fallait éliminer l’autochtone.


Chez nous, cette tabagie marque la naissance d’une entente à l’amiable. Un cas unique dans les deux Amériques.


L’entente a mal viré après 1760. Doctrine de la découverte, vols de terres, mensonges, réserves, pensionnats, enlèvements d’enfants. Cela a duré plus de deux cents ans.


La réconciliation a commencé à virer dans le bon sens, au début du siècle.


Jusqu’à une deuxième rencontre, à l’été 2025, à Québec.


Les onze Premières Nations, guidées par l’Innu Mathieu McKenzie, rencontrent Serge Fiori, un musicien parmi tant d’autres.


Une idée de la productrice Mélanie Vincent, de la nation Huron-Wendat.


Si vous passez à l’Hotel-Musée Premières nations, à Wendake, Habitant de l’île, demandez une chambre donnant sur la rivière Akiawenrahk’, à l’arrière.


Cette rivière transporte les nouvelles des forêts vers le fleuve. Plus vous ouvrez la porte patio, plus le volume augmente. J’ai écouté les nouvelles toute la nuit.


Les mots autochtones de Mélanie Vincent, Ghislain Picard, Florent Vollant, Joséphine Bacon, Michèle Audet, Michel Jean, Natasha Canapé Fontaine, sonnent toujours comme une bienvenue. C’est la voix des onze nations.


Serge Fiori a sauté sur l’invitation. Enfin, dit-il. Onze nations pour une chanson.


Ils chantent On a mis quelqu’un au monde, en douze langues.


Le tambour donne le rythme du coeur.


Pour une première fois, je comprends les langues autochtones. C’est fou ce qu’on entend quand on écoute.


Où est allé tout ce monde?


J’apprends notre langue et je marche en paix.


Nous sommes heureux encore une fois d’avoir la chance de partager un chant.


Nous voulons utiliser notre musique pour être remarqués.


Les enseignements sont une bénédiction que nous partageons avec vous.


Ça fait sûrement longtemps que la lune a vu notre Terre Mère nous donner notre langue.


Nous sommes le rêve vivant de nos ancêtres.


On devrait peut-être l’écouter.


Cette rencontre est un retour aux sources. Une autre invitation de nos hôtes.


Dans quelques années, on dira que le tambour résonnait dans le vent et dans les feuilles. Il sentait le feu de camp et parlait douze langues.


Sans oublier la voix des crapauds.


Nos peuples fondateurs chantent le pays.


Il reste un nom à trouver.


Un nom à douze.





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