jeudi 14 février 2019

Second regard


L’émission Second regard porte bien son nom.

Il faut être visionnaire pour donner, en 1978, un nom à une émission de télé qui regardera de plus en plus autrement, au fil des quarante ans suivants.

Second est pris ici dans le sens de Autre. Autre regard, et non pas deuxième, moins important que premier.

C’est comme La semaine verte, aussi diffusée à Radio-Canada. Cette semaine, on parle du congédiement de l’agronome Louis Robert, une sommité, virée pour avoir critiqué l’usage des pesticides dans notre alimentation.

Depuis, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne s’empêtre joyeusement dans les mauvaises herbes.

La semaine verte dépatouille tout ça en fouillant les marécages de la prise de contrôle de l’industrie des pesticides sur le ministère de l’agriculture.

Nous ne sommes pas achetables, dit le premier ministre François Legault. C’est ben d’adon, dit la rumeur, le ministre est vendu.

Ouvrez les fenêtres, ça sent le putois dans la salle, dit Lucky Luke.

Cette semaine, Second regard pose aussi la question pourquoi s’intéresser à l’histoire? L’historien Éric Bédard suggère pour chercher du sens, du dépaysement ou des racines.

Je m’intéresse à l’histoire pour retracer certaines vérités.

Ainsi, la phrase Christophe Colomb a découvert l’Amérique est fausse.

Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique, nous n’étions pas perdus, écrit l’auteur Cri Harold Johnson, dans Two Families. Fin regard.

Christophe Colomb n’a pas pu découvrir l’Amérique, ce nom a été donné la première fois au continent le 25 avril 1507, après le navigateur italien Amerigo Vespucci.

Tel que raconté, Colomb a débarqué, planté un drapeau dans le sable et pris possession du continent au nom du roi.

Nous sommes loin du gars qui écoute, mais plus près de celui qui salive.

Dans ce qui aurait pu être la vraie version, Christophe Colomb a découvert La grande tortue en 1492. En mettant le pied sur cette terre, il a rencontré des membres de communautés autochtones. Il s’est installé, a mis le temps pour apprendre la légende du continent, leurs langues et les mieux connaitre. Second regard.

Colomb a aussi découvert que La grande tortue est habitée depuis au moins 13 000 ans, que des monuments autochtones de plus de 5 000 ans sont érigés dans la ville actuelle de St-Louis, que les autochtones connaissent et maitrisent tout le territoire.

Il n’avait qu’à lire 1491, de Charles C. Mann. Il n’avait qu’à écouter.

Plus tard, il retournerait voir son roi et lui dire je me suis fait des amis en Grande tortue. Nous pourrions signer un accord de libre-échange.

Cette vraie histoire n’a pas eu lieu parce que Colomb n’était qu’un européen, équipé de la mentalité européenne, pas plus longue que le bout de son nez : tout ce qui m’entoure est second.

Dans Virginia City, le cow boy Lucky Luke va rencontrer le notaire Chester, du cabinet Chester, Chester, Chester & Chester. Vous le trouverez avec les trois autres dans le bureau du premier, au second, dit le concierge. Inénarrable René Goscinny. Je la ris chaque fois. J’aime cet homme comme un ami.

Imaginez Colomb s’adresser ainsi au chef autochtone. On s’en taperait encore les cuisses.

C’est comme relire l’histoire, telle que refaite par Gotlib, dans Les Dingodossiers. Les boyaux tordus de l’humour.

Un artiste dans la lune, c’est quelqu’un qui va s’y rejoindre.

Lorsque Howard Carter a découvert la tombe du pharaon Toutânkhamon, il l’a scrutée, cajolée, écoutée. Il en a pris soin.

Il faut écouter la découverte. Elle est plus sexy que le découvreur.



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