dimanche 8 juillet 2018

La nouvelle frontière


Chez nous, la frontière désigne une ligne à ne pas franchir. Un Blanc ne peut jouer sur scène le rôle d’un esclave Noir.

Suivant cette logique, un rôle dans une pièce portant sur un génocide devrait être tenu par un membre des Premières nations, un Arménien, un Juif, un Rwandais, un Rohingya.

De même, seul un québécois franco peut jouer un rôle de colonisé.

Un Blanc ne peut s’approprier le rôle d’un esclave Noir, puisque le Blanc est responsable de l’esclavagisme Noir, un projet raciste.

Un Noir ne peut jouer le rôle d’un colonisé québécois, et ainsi de suite.

Bref, touche pas à mon passé.

Pour une première fois, je me fais traiter de Blanc.

Petit rappel : les races humaines n’existent pas. Nous provenons tous de la même souche africaine.

Mes ancêtres étaient Noirs. Les vôtres aussi.

Le problème n’est pas la race, mais le regard.

La frontière africaine est un lieu de rencontre. Elle est naturelle, un cours d’eau, une chaine de montagnes, une conversation.

L’arbre à palabres est une frontière africaine. Un baobab où la communauté discute et résout les problèmes.

La limite de la conversation est la frontière.

À la frontière africaine, tout commence. La nôtre indique la limite de la patience.

Le mur d’Israël, le mur de Trump, le mur de Town of Mount Royal. Notre frontière crée une différence. La Charte des valeurs du Parti Québécois. Vous n’êtes pas des nôtres.

Les chaines de l’esclave sont en acier. Celles du colonisé, dans sa tête.

Les Européens et les Premières nations ne se sont jamais rencontrés.

Je ne peux me prononcer sur l’odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves, que je n’ai pas vue.

Qu’est-ce qui est pire : traiter quelqu’un de sale raciste ou de sale nègre?

Les commentaires portent uniquement sur ce qui n’a pas été vu. On n’a pas vu assez de Noirs chanter des chants d’esclaves Noirs.

Le fond de la question est en amont.

Les mots ne parlent que de colère.



1 commentaire:

  1. Hey Luc !

    "Qu’est-ce qui est pire : traiter quelqu’un de sale raciste ou de sale nègre?" - je te réponds : le pire c'est s'indifférer de la condition, de la situation, de l'historique en tant que biographie individuelle et groupale de l'Autre. Car à partir de là, l'insulte, l'injure est facile. Et l'insulte qu'il soit en réaction à ou dans l'action de est un déni, un raccourci, une distraction, qui éloigne et tue le fond de la question (qui s'exprime par l'insulte, l'injure). Personne ne veut plus remonter jusqu'en amont, trop d'effort, l'on a toujours mieux à faire.

    Merci pour cette nouvelle frontière qui au fond est une ouverture, à l'Africaine d'ailleurs.

    Ludewic

    RépondreSupprimer