Justin Trudeau regrette.
Dans l’édition du mois d’août du Rolling Stone Magazine, il a dit des choses pas gentilles à propos
du sénateur conservateur Patrick Brazeau. Je voulais
quelqu’un qui ferait office de faire-valoir, et nous sommes tombés sur un
sénateur à l’air bagarreur, un dur à cuire issu d’une communauté autochtone. Il
avait la tête de l’emploi et offrait un parfait contraste.
Cela
s’appelle un dîner de cons.
Les deux
politiciens se sont affrontés dans un combat de boxe caritatif. Caritatif veut
dire de charité.
La
force des mots réside dans ce qu’ils ne disent pas. Je place des mots, chacun
chacune y trouve sa lecture. Un texte est un bar ouvert. Le gout de l’alcool
diffère d’une bouche à l’autre.
Il
aura fallu dire à Trudeau qu’il avait dit une énormité, il ne s’en est pas
rendu compte par lui-même. L’ignorance est toujours perçue par l’autre.
Lorsqu’il
est devant un micro, Trudeau a l’air de chercher ses mots. Nous sommes aux
contours d’une coquille. Il y a de l’écho dans le son.
Dans
Histoire des Américains, Daniel
Boorstin explique de façon magistrale pourquoi et comment s’est développée la
mentalité américaine. Une brique de 1550 pages. Gros bémol, les autochtones.
Boorstin leur réserve trois mots : vengeance, cruauté et scalps.
À
la page 461, il explique que, pour avoir priorité sur un terrain, il suffisait au
colon d’arriver le premier et de se servir. Ce
principe fut, au début, l'expression d'une réalité : celle de l'Amérique,
pays neuf et inoccupé.
Inoccupé. Pour
Boorstin, les peuples autochtones n’existaient pas. Ils étaient là depuis 13
000 ans.
La
colonisation était inscrite dans le caractère de l’homme avant l’arrivée des
premiers bateaux. Elle y est ancrée chaque jour depuis.
Le
géographe québécois Louis-Edmond Hamelin côtoie les nations autochtones et
Inuit depuis les années 30. Dans le documentaire Le nord au cœur, il dit la
colonisation n’est pas terminée. Dans la colonisation, l’autochtone n’existe
pas.
Pour
Trudeau, Brazeau n’existe pas. Le même Trudeau promet une grande réconciliation
avec les Premières Nations. À ma gauche, son attitude face à Brazeau et à ma
droite, sa promesse de réconciliation. Les deux discours ne peuvent habiter en
même temps dans une même tête.
Dans
un selfie de trois minutes, Justin Trudeau présente The Story of Us, une histoire du Canada, version CBC. Un hymne Ô
Canada.
Samuel
de Champlain, visionnaire humaniste avant son temps, y est dépeint comme un
pouilleux taré. Pour l’Anglais, le Français n’existe pas et l’autochtone, n’en
parlons pas.
Parlant
de crasse, cela s’appelle de l’ignorance.
Le
soir du combat de boxe, la compagne de Trudeau lui demande d’être humble. J’ai une mission, dit-il. Cela s’appelle
du christianisme.
Justin
Trudeau est Premier ministre du Canada. À ce titre, il répand l’ignorance plus
rapidement que la rumeur. Est-donc si difficile de consulter Thomas King, John
Saul ou Serge Bouchard, pour mettre à jour son histoire du Canada ?
Quand
j’étais journaliste chez Info Presse,
le rédacteur en chef Bruno Boutot disait le
titre de ton article est dans le texte.
Et
quand mon beau-père choisissait un melon d’eau, il le tâtait aux extrémités et
tapait dessus avec ses doigts. Le melon résonnait sa maturité.
Il
faut écouter le melon.
Luc, corrosif à souhait. Les deux derniers paragraphes sont anthologiques. Le reste, magistral.
RépondreSupprimerJ'ose pas imaginer ce que Trudeau aurait dit de son adversaire, s'il avait perdu le combat de boxe...
RépondreSupprimerT