Depuis le 4 janvier, je ne reçois plus
l’édition papier du quotidien La Presse.
Du lundi au vendredi, ce journal est désormais publié sous sa forme numérique, La Presse+. Jusqu’ici, je n’ai touché à
rien, le temps de voir ce qui change dans ma vie.
En devenant La Presse+, La Presse est
passée du papier à la télé. Télévision : mot composé féminin, de télé (loin) et vision. Pour y avoir accès gratuitement, je dois acheter une
tablette numérique. C’est comme si je devais acheter une télé pour écouter
Radio-Canada et une pour TVA. Pas tout à fait, La Presse+ est un nouveau média, quelque part entre l’ordinateur et
la télé. Si j’achetais une tablette, ce serait uniquement pour lire La Presse+. Je passe du temps devant un
écran parce que j’y suis obligé.
Premier constat : le silence. Lire le
journal papier le matin est un précieux moment de silence passé avec soi-même.
C’est comme repasser du linge, mais en s’informant. Ma première réaction serait
de remplacer le papier par la radio, entre Alain Gravel et Paul Arcand. Pour
l’instant, je préfère le silence.
Deuxième constat : ai-je besoin de La Presse pour m’informer ? J’aime La Presse pour savoir ce qu’Yves
Boisvert, Vincent Marissal ou Philippe Cantin pensent. Pour m’informer, je n’ai
qu’à faire comme tous les matins quand j’ouvre l’ordi.
La journée démarre et se déroule en
butinant sur lemonde.fr, lecourrierinternational.com et radio-canada.ca. Le soir, je regarde le
téléjournal de Radio-Canada, à 18h, et je n’apprends rien. Je vais simplement
voir comment Patrice Roy traite les nouvelles. À 18h15, le téléjournal est fini
en ce qui me concerne. Prochain rendez-vous, le 24/60 à RDI, 20 minutes max.
Le téléjournal est monté comme un
documentaire ou un reportage. Il livre l’essentiel dans les 15 premières
minutes. Le reste est du développement.
C’est comme si on me disait, l’évolution,
mon beau garçon, c’est de passer dorénavant tes journées devant un écran. Entre
5 et 7, avec La Presse+, le jour
devant l’ordi et l’iPhone, pour travailler, et le soir, la télé classique pour
les infos et le divertissement.
Dans ses arguments de vente, La Presse+ dit que son abonnement est
gratuit. Croire cela, c’est croire que l’accès aux soins médicaux est gratuit au
Québec. Les soins médicaux sont payés par nos impôts. Lorsqu’Hydro-Québec fait
de la pub dans La Presse+, j’en paie
une partie par mes impôts. Idem avec Volkswagen, sa pub est payée en partie par
les versements de ma Jetta, et ainsi de suite.
En fait, La Presse+ coute cher. En plus de la tablette, chaque fois que je
voudrai avoir accès à une information publiée par ce quotidien, je devrai payer.
L’innovation de La Presse+, c’est la
connaissance complète des habitudes du lectorat à l’intérieur du média.
Pour l’instant, je ne m’ennuie pas de La Presse. Dans le cahier A de l’édition
du 27 novembre, j’ai compté l’équivalent de 18 pages de pubs sur 33, soit 55 %.
Dans le cahier A de l’édition des samedi 26 et dimanche 27 décembre,
l’équivalent de 20 pages de pub sur 34, soit 59 %.
Le vrai changement ne consiste pas de
passer de La Presse à La Presse+. Le vrai changement consiste
à passer de La Presse à rien.
Pour l’instant, je réfléchis à la façon
d’occuper mon silence du matin, entre 5h à 7h. Il y a Le Devoir version papier, Josée Legault, Hélène Buzzetti, Michel
David. Il y a des livres de Serge Bouchard qui me regardent. Il y a une planche
à repasser.
La
Presse+ est l’avenir de La Presse. Le numérique est l’avenir de la télé et de la radio. Le
papier est la version imprimée du silence.
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