Pablo Rodriguez est un ami. Depuis
que je le connais, je vois Pablo vivre de la politique, respirer de la
politique et manger de la politique. Lorsqu’il était député du comté
Honoré-Mercier, Pablo travaillait sept jours par semaine, entre les spaghettis,
les électeurs, le Parlement et sa famille. Quand il n’est pas député, Pablo
fait beaucoup de bénévolat pour le Parti libéral du Canada. Le travail de
député est noble et très exigeant, rien d’une vie normale. Heureusement pour
lui, Pablo n’est pas médecin.
Yves Bolduc est député et médecin.
Il est à la fois serviteur de l’état et fonctionnaire. Il peut donc être à la
fois le patron du régime puis, son employé. Lorsqu’il était député de
l’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, le médecin Yves Bolduc devait aussi
s’occuper de ses 1500 patients. Il a touché à cet effet une indemnité de 215
000 $, qui s’est ajoutée aux honoraires de 150 000$ du médecin, et aux 90 000$
du député.
Claude Castonguay est actuaire.
Actuaire veut dire j’ai appris à compter. Il accuse le médecin et député Yves
Bolduc d’être le pire des exemples en se servant à deux mains dans
notre pauvre assiette à beurre. Il lui
demande de démissionner de son poste actuel de ministre de l’Éducation.
Depuis la demande de Claude
Castonguay, les journaux donnent des chiffres. Un médecin traite en général
entre 800 et 1000 patients. Yves Bolduc le médecin en avait 1500. Selon le
journaliste Francis Vailles, de La Presse,
M. Bolduc devait travailler 95 heures par semaine pour boucler sa semaine de
travail. Il restait donc à M. Bolduc 73 heures par semaine pour souffler, voir
sa famille et ses amis. Divisé par sept jours, cela donne 10,4 heures par jour,
incluant le sommeil.
Lorsqu’il travaillait 95 heures par
semaine, le député Yves Bolduc ne devait pas avoir de temps pour lire les
journaux. Il aurait vu tous ces titres qui associaient son Parti libéral du
Québec aux allégations d’influence, de corruption, de magouilles et de
perceptions négatives de la part du public.
Les médecins forment une caste de privilégiés. Mais ils peuvent dormir sur leurs deux
oreilles. Le patron de la caste, ministre de la Santé, est médecin. Et le
patron du patron, premier ministre, est aussi médecin. Leur réponse officielle,
tout a été fait dans les règles. Règle générale, les dirigeants de caste sont
là pour renforcer la caste, pas pour lui taper sur les doigts.
Ce que Claude Castonguay dit à Yves Bolduc, c’est d’avoir
du jugement. Sers-toi de ta tête, lui aurait dit ma mère. Il ne suffit pas de
dire que les règles sont respectées. Il faut se demander si les règles ont du
bon sens. Yves Bolduc pense certainement que ces règles ont du bon sens, il a
lui-même contribué à les mettre en place, alors qu’il était ministre de la
Santé. Il est là, le problème. Le patron du régime met en place des mesures dont
il bénéficiera, lorsqu’il deviendra employé du même régime.
En 1976, le premier ministre René Lévesque a demandé à l’avocat
et économiste Jean Garon de devenir ministre de l’Agriculture, parce que le
ministère avait d’urgents problèmes juridiques à régler. En 1968, le premier
ministre Pierre Trudeau a demandé à l’avocat Jean Chrétien de devenir ministre
des Affaires indiennes et du Nord, parce qu’il savait ce qu’était la pauvreté. En
1970, le premier ministre Robert Bourassa a demandé à l’actuaire Claude
Castonguay d’occuper le poste de ministre de la Santé. A suivi le nouveau
régime de l’assurance-maladie. Ces trois députés sont réputés avoir été les
meilleurs ministres de leur catégorie.
Un médecin est-il la meilleure personne pour diriger le
ministère de la Santé ?
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