mardi 8 juillet 2014

Le cercle vicieux


Pablo Rodriguez est un ami. Depuis que je le connais, je vois Pablo vivre de la politique, respirer de la politique et manger de la politique. Lorsqu’il était député du comté Honoré-Mercier, Pablo travaillait sept jours par semaine, entre les spaghettis, les électeurs, le Parlement et sa famille. Quand il n’est pas député, Pablo fait beaucoup de bénévolat pour le Parti libéral du Canada. Le travail de député est noble et très exigeant, rien d’une vie normale. Heureusement pour lui, Pablo n’est pas médecin.

Yves Bolduc est député et médecin. Il est à la fois serviteur de l’état et fonctionnaire. Il peut donc être à la fois le patron du régime puis, son employé. Lorsqu’il était député de l’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, le médecin Yves Bolduc devait aussi s’occuper de ses 1500 patients. Il a touché à cet effet une indemnité de 215 000 $, qui s’est ajoutée aux honoraires de 150 000$ du médecin, et aux 90 000$ du député.

Claude Castonguay est actuaire. Actuaire veut dire j’ai appris à compter. Il accuse le médecin et député Yves Bolduc d’être le pire des exemples en se servant à deux mains dans notre pauvre assiette à beurre. Il lui demande de démissionner de son poste actuel de ministre de l’Éducation.

Depuis la demande de Claude Castonguay, les journaux donnent des chiffres. Un médecin traite en général entre 800 et 1000 patients. Yves Bolduc le médecin en avait 1500. Selon le journaliste Francis Vailles, de La Presse, M. Bolduc devait travailler 95 heures par semaine pour boucler sa semaine de travail. Il restait donc à M. Bolduc 73 heures par semaine pour souffler, voir sa famille et ses amis. Divisé par sept jours, cela donne 10,4 heures par jour, incluant le sommeil.

Lorsqu’il travaillait 95 heures par semaine, le député Yves Bolduc ne devait pas avoir de temps pour lire les journaux. Il aurait vu tous ces titres qui associaient son Parti libéral du Québec aux allégations d’influence, de corruption, de magouilles et de perceptions négatives de la part du public.

Les médecins forment une caste de privilégiés. Mais ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Le patron de la caste, ministre de la Santé, est médecin. Et le patron du patron, premier ministre, est aussi médecin. Leur réponse officielle, tout a été fait dans les règles. Règle générale, les dirigeants de caste sont là pour renforcer la caste, pas pour lui taper sur les doigts.

Ce que Claude Castonguay dit à Yves Bolduc, c’est d’avoir du jugement. Sers-toi de ta tête, lui aurait dit ma mère. Il ne suffit pas de dire que les règles sont respectées. Il faut se demander si les règles ont du bon sens. Yves Bolduc pense certainement que ces règles ont du bon sens, il a lui-même contribué à les mettre en place, alors qu’il était ministre de la Santé. Il est là, le problème. Le patron du régime met en place des mesures dont il bénéficiera, lorsqu’il deviendra employé du même régime.

En 1976, le premier ministre René Lévesque a demandé à l’avocat et économiste Jean Garon de devenir ministre de l’Agriculture, parce que le ministère avait d’urgents problèmes juridiques à régler. En 1968, le premier ministre Pierre Trudeau a demandé à l’avocat Jean Chrétien de devenir ministre des Affaires indiennes et du Nord, parce qu’il savait ce qu’était la pauvreté. En 1970, le premier ministre Robert Bourassa a demandé à l’actuaire Claude Castonguay d’occuper le poste de ministre de la Santé. A suivi le nouveau régime de l’assurance-maladie. Ces trois députés sont réputés avoir été les meilleurs ministres de leur catégorie.

Un médecin est-il la meilleure personne pour diriger le ministère de la Santé ?





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