iPad, c'est une télé. iPhone, Galaxy, Androïd, Kobo,
Sharp, ce sont des télés. Les tablettes numériques, les lecteurs numériques,
les ordis, les portables, ce sont des télés. Télé veut dire loin; vision veut
dire voir; télévision, voir de loin. À ce mot, les inventeurs ont ajouté un
écran.
Arrêtons de dire que lapresse+
est un nouveau média ; lapresse+,
c'est de la télé. Des images qui bougent dans un écran, iPad ou Androïd, c’est
de la télé. Les textes et les films de lapresse+,
le graphisme, l’animation de lapresse+,
c'est de la télé.
Quand les mots et les gens ne bougent pas derrière
l’écran, on appelle cela une vitrine. Du vrai monde dans un cadre pas d'écran, c’est
du théâtre. Du vrai monde dans pas de cadre et pas d’écran, c'est la vraie vie.
iPad, c'est pour tripper. Je lis un journal, je regarde
la télé, mais je trippe sur un iPad. Pour lire, regarder et tripper sur
l’édition gratuite de lapresse+, je
dois débourser à partir de 449 $ pour un écran numérique. Comme dans les années
60. Pour écouter Les Plouffe, il
fallait acheter une télé.
Nous assistons depuis quelques décennies à une révolution
des écrans. Il y a les télés généralistes, SRC, TVA, CTV. Il y a les télés
spécialisées, Historia, TVA Sports, RDS. Il y a maintenant la télé imprimée, lapresse+. C’est à qui offre l’écran le
plus éclaté, le mieux formaté à nos usages. Des grands, des petits, des
Retina, des avec fils, des sans-fil. Différents formats, différents usages, de
nouveaux réseaux, de nouveaux comptes à payer, portables et liberté.
La télé a gagné la guerre des médias ; elle est le
média d’impact. Elle se paie même le luxe d'annoncer le déclin de l’imprimé.
Les propriétaires du quotidien La Presse
ont confirmé récemment la mort annoncée de la version papier. Le numérique,
jonction de l'imprimé, de l'électronique et de la fibre optique, les avale tous.
On s’en va où, avec tout ça ? Vers un écran est la seule réponse qui
semble certaine.
On dira ce qu’on voudra, l’oeil humain n’est pas conçu
pour passer des heures devant un écran. L’humain non plus, d’ailleurs. Je viens
d’annuler un abonnement à la version numérique du Monde diplomatique. Les éditions s’empilaient dans mon ordi, je préfère
les éditions papier.
La télé traditionnelle est conjuguée au nous, c’est un lieu de rassemblement. La
nouvelle télé est conjuguée au je,
elle exclut les autres. Il est peut-être dans le rassemblement, le vrai avenir.
Voyez le vinyle. Il est en train de donner une raclée au CD. Comme les premières
télés, le vinyle rassemble.
Et franchement, nous avons tous l’air un peu nonos comme
ça, sur le trottoir, au resto, dans le métro, la tête penchée sur notre écran,
l’air de dire à notre voisin tu ne m’intéresses pas. La tête penchée, c’est la
position du pénitent. Et tenir un écran portable dans les mains, ce n’est plus
voir loin, mais voir proche. Je ne vois pas plus loin que le bout de mes mains.
J’imagine un attentat. De furieux bandits neutralisent
les barrages hydroélectriques de la Baie James et de la Manicouagan. Tout d’un
coup, plus d’électricité, le Québec entier dans le noir. Je vois toutes ces
têtes hébétées se relevant des écrans en même temps. Quelqu’un peut-il allumer,
s’il-vous-plait ?
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