Pauline Marois n’a pas de très bons yeux. C’est écrit dans son regard.
Les personnes intelligentes, celles qui portent une vision, ont une perspective
dans le regard. Je parle de René Lévesque, de Lucien Bouchard et de Jacques Parizeau.
Une amie me disait la semaine dernière que Pauline Marois a une
intelligence pragmatique, sa force est dans le quotidien. Je veux bien. La
perspective du quotidien est de 24 heures, une fourmi ne fait pas une Reine.
Pauline Marois a un regard à plat, 24 heures.
Aujourd’hui, Jacques Parizeau a publié une lettre dans le Journal de Montréal. Une lettre sensible
à propos du projet de Charte des valeurs québécoises, celle dont on dit que le
gouvernement de Pauline Marois n’a pas osé appeler la Charte de la laïcité. La
lettre de Jacques Parizeau a été saluée par son ton tranquille, posé, le calme
de la sagesse de celui qui a vécu. Pauline Marois a dit que la lettre de
Jacques Parizeau serait reçue comme celle d’un citoyen. Elle n’a pas parlé du
ton, elle n’a pas dit merci, elle l’a regardé de haut. Le regard à plat, comme
du papier journal.
Jacques Parizeau est le plus grand commis de l’État que le Québec ait
engendré. Avant d’être recruté par René Lévesque pour aller négocier la
privatisation de l’électricité avec des financiers de New York, Jacques
Parizeau était déjà reconnu comme un grand économiste. Il est non seulement
allé à New York, il a écrit le premier projet économique du Québec moderne, la
Révolution tranquille. Son regard ne s’est pas arrêté là. Il a offert au Québec
des outils pour son développement économique. Les Québécois sont habiles avec
des outils. Jacques Parizeau leur a offert des coffres, la Caisse de dépôt, la
Régie des rentes du Québec. Il a même signé aux dirigeants du syndicat de
construction FTQ, le chèque leur permettant de démarrer le Fonds de solidarité
FTQ. Le chèque de dix millions est devenu la base d’un actif de neuf milliards.
Il y a près de 10 ans, Jacques Parizeau a été invité au Mali pour donner
son avis quant au redressement des finances publiques du pays. Quand les
Maliens lui ont demandé s’ils réussiraient à faire le ménage dans leur
fouillis, il leur a dit vous allez y arriver. Je n’y étais pas, j’ai imaginé le
sourire en coin et le regard du sage qui a vécu. Les Africains aiment les sages
qui ont vécu. Ils ne les considèrent pas comme des citoyens ordinaires, mais
comme une partie de leur avenir. Quand les mêmes Maliens m’ont conté
l’histoire, il y a deux ans, j’allais écrire un plan de communication pour le
ministère de l’Économie et des Finances, pour le redressement des finances
publiques du Mali. Grands sont les souliers de Jacques Parizeau.
Il y a deux semaines, j’ai assisté à une conférence en l’honneur d’Abdou
Diouf, ancien président du Sénégal et
Secrétaire général sortant de la Francophonie. Jean-François Lisée, actuel ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du
Québec, a ficelé un de ces discours en l’honneur de M. Diouf, que seule
l’intelligence permet d’écrire. Une grande finesse, une belle sensibilité,
devant 400 personnes. J’ai dit à ma voisine de table que c’est ce genre de
discours qui nous manque, au Québec. Pour cela, il faut savoir lire.
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