jeudi 8 juin 2023

L'Osstidcho

 


Je me souviens bien de l’Osstidcho.


Le dimanche 26 janvier 1969, à la Place des arts.


Mon copain Luc Bélisle m’a invité.


C’était long et ennuyant.


Ce ne sont pas la musique et le monologue. Ce sont les moments entre. L’interminable arrivée sur scène, par le plancher, d’Yvon Deschamps.


Je ne connais ni Deschamps ni Forestier ni Charlebois ni Lindberg ni la Place des Arts.


Je connais le théâtre de Marcel Dubé, les Beaux dimanches. Mon premier choc.


Electric Ladyland, Jimi Hendrix (merci mon frère Gilles). CKGM-FM, l’ancêtre de CHOM.


Et Mellow Yellow, de Donovan, deux semaines plus tôt, sur les plages de la rue Collins, à Miami.


À côté de ça, l’Osstidcho est ordinaire.


Mellow Yellow, c’est le monde du soleil.


L’Osstidcho, c’est mon monde qui change.


À 14 ans, j’entends des chansons. Je vois du théâtre. Mais pas de lien.


C’est comme des nouilles de spaghetti dans une boite.


L’exemple parfait d’une mentalité de silo.


Ajoutez la sauce bolognese de ma mère sur les pâtes « al dente », et du mozzarella.


Vous voilà au théâtre.


La culture, c’est la manière.


La tradition, c’est la culture qui se répète.


En 69, je ne sais pas ce que cette musique a d’audace ni ce qu’elle remplace.


Je ne sais pas un monologue, qu’ossa donne.


Je sais que Mellow Yellow sur une plage est plus agréable que l’Osstidcho.


La bombe a explosé et je ne l’ai pas entendue.


55 ans plus tard, on ne parle plus de Mellow Yellow. On célèbre l’Osstidcho.


Je n’ai pas assisté à une naissance.


J’étais là.





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