samedi 24 juin 2023

Le pont

 

Il y a trois façons d’aborder le Portugal.


Par un plan, un texte ou un banc de parc.


Ouvrez votre Lonely Planet, Lisbonne en quelques jours, page 114.


Case C-5.


Un plan présente quelques rues nord-sud et est-ouest. Pas de noms, que des tracés. Et deux espaces verts, le Jardin Agua et le Pavilhão do Conhecimento.


Le texte dit du Pavilhão Un musée interactif, où les enfants peuvent courir librement dans une maison inachevée, se donner le vertige sur un vélo fixé à une corde raide ou s’amuser à faire naitre des tornades.


Vu du banc, il n’y a ni maison ni vertige ni tornade. À ma droite, une affiche écrit 28 millions de visiteurs en 25 ans. Je lis le portugais en français. C’était l’expo universelle de Lisbonne, en 1998.


Plan, texte, banc. Trois lectures d’un même lieu. Chacune n’a rien à voir avec l’autre.


À l’arrière, bâti sur pilotis dans le Doca do Olivais, l’Oceanario héberge 8 000 créatures dans 7 millions de litres d’eau, écrit le texte. Sea the future.


Une moyenne de 875 litres par créature, écrit ma calculatrice.


Vu du banc toujours, l’image débouche sur le fleuve Tage, à l’endroit où il verse dans l’Atlantique.


Au fond, le pont Vasco de Gama traverse l’horizon, de gauche à droite. Le plus long d’Europe. 17,2 kilomètres.


Je n’en vois pas les deux bouts.


Ce pont ne peut être contenu ni dans la case C-5 ni dans le petit livre de la solitaire planète.


Même le texte y va de poésie: Il franchit le Tage pour disparaitre au loin.


Vasco de Gama. Il a cherché un passage vers les Indes et l’a trouvé.


Un pont infini pour un navigateur plus grand que nature.


Un voyage au-delà de l’alphabet.





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