Oooooh mon Pat, j’ai vu Fred
Pellerin, dit le courriel à mon ami Patrick Brodeur.
Deux secondes et quart plus tard, le
téléphone sonne.
- Hein, Fred Pellerin? Quand ça?
- Hier soir.
- Ben voyons! J’ai vu touttes ses
shows, pas capable d’avoir un billet. Tu as eu tes billets quand?
- Il y a une semaine.
- ....
Le désarroi est un gouffre
silencieux.
- Je suis allé sur le site de la
Place des Arts. Il y avait des billets au parterre, rangée F.
- Ben voyons ! J’ai trouvé des
billets pour mars, crisse, 2019!
Une conversation ne fait pas une
tendance.
Deux conversations sur le même sujet
préparent la légende.
- J’ai vu Fred Pellerin hier.
- Ben voyons donc !
Mon ami Jean-Pierre Denis n’a pas
l’habitude de me traiter de menteur. Il sait se taire.
- J’en ai cherché partout!
Fred Pellerin et moi sommes parents.
Fred ne le sait pas et nous ne nous connaissons pas. Il le sait sans le savoir.
Les Panneton de Yamachiche, les
Bellemare, les Pellerin, les Gélinas, les Desaulniers, la Mauricie, tous
parents par la fesse.
Marcel Pellerin a même marié
Jacqueline Panneton, la sœur de papa. Plus parents que ça, tu joues de la
guitare.
Fred Pellerin joue de la guitare. Moi
aussi. Il joue une guitare Boucher, fabriquée au Québec. Beau son, mais un
manche comme un deux par quatre. Mon nationalisme a une limite.
Ma grand-mère Germaine Caron était
soprano. Mon grand-père Joseph-Arthur était ténor et jouait du violon. Papa
était basse. Édith jouait du Chopin à l’oreille et au piano. Robert, Jean,
Jacqueline, Madeleine, tout le monde chantait.
Benoit chantait et vendait des
pianos à la pelle, des Wurlitzer, des Baldwin. Benoit invitait papa pour écouter
de l’opéra. Ça parlait de voix et ça chantait.
Je me suis demandé comment léguer à
mes enfants cet héritage musical de papa.
Ma guitare a chanté de la musique toute
l’enfance de mes enfants.
Fred a une approche villageoise de la famille. En tournée, il emmène Sainte-Élie-de-Caxton
à Montréal. Ensuite, lui et son village vont voir les cousins en région puis,
en France. Et ils reviennent et ainsi de suite.
Pendant ce temps, je reste branché sur la gang de
Yamachiche et des Trois-Rivières, comme disait papa.
Une famille se retrouve autour de celui qui parle.
Ou de celle qui parle, mais cette histoire en est une de celuis.
Lorsqu’il reçoit sa famille dans la
salle de spectacle, Fred a le même regard allumé que Benoit, recevant la sienne :
une lueur dans la présence des autres.
Ces places libres au parterre étaient
là juste pour moi. Le tour des Brodeur et des Denis viendra, en mars 2019.
Je n’ai pas cherché de billets.
"Les Panneton de Yamachiche, les Bellemare, les Pellerin, les Gélinas, les Desaulniers, la Mauricie, tous parents par la fesse." - Eh bien, cher Luc, finir une phrase de cette manière c'est un pur bonheur pour le lecteur que je suis. J'ai beaucoup ri. Merci.
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