vendredi 12 février 2016

Le choix du président




Rona a été vendu. Pour plusieurs, le Québec vient de s’en faire passer une. En fait, la solution réside dans le choix du président.

Comme le Québec compte 53% d’analphabètes fonctionnels, il y a une « chance » sur deux que l’actuel président de Rona ne sache pas lire. Par contre, il sait compter. Des analphabètes millionnaires, ça existe, j’en connais.

Le président de Rona occupe ce poste depuis moins de trois ans. Il quittera ses fonctions en ayant empoché 20 millions de dollars. Ce montant ne comprend pas son salaire ni les autres avantages collés aux billets de banque.

En principe, ce président doit avoir dirigé la négociation en pensant 1) au bien des actionnaires, 2) des employés, 3) des fournisseurs et 4) de la société en général. Comme le disait si bien le groupe Les Cyniques, nous voulons votre bien et nous l’aurons.

Je ne suis pas dans la tête du monsieur, mais je suppose que l’équation s’est vite alignée : 20 millions dans mes poches, c’est nécessairement bon pour la société québécoise. Sur sa photo de l’onglet Comité de direction, à rona.ca, le monsieur a un grand sourire. On ne dit pas si la photo a été prise avant ou après la transaction. Le mot profit s’épèle en chiffres. On ne sait donc jamais vraiment combien vaut un sourire.

Une pièce de 1 dollar pèse six virgule quatre-vingt-douze grammes. Si on multiplie par trois virgule deux milliards de dollars, cela donne vingt-deux-millions-cent-quarante-quatre-mille kilos de plus dans l’économie québécoise. Voilà le poids de cinq cents magasins et de vingt-deux-mille employés. C’est surtout deux fois la valeur boursière de Rona. Mais l’Histoire ne s’est jamais écrite avec des chiffres.

Il y a un remède à ce genre d’hémorragie.

Je suis président de Rona. Je dis aux Américains je suis un monsieur de lettres, payez-moi en lettres. Rona recevra ainsi trois virgule deux milliards de lettres. J’y ajouterai même les vingt millions miennes. L’avantage des lettres, c’est que leur cours est au pair. Aussi, elles voyagent léger. Je ferai livrer toutes ces lettres, accents inclus, au Parlement, à Québec, et je les redistribuerai à ces 53% de concitoyens en manque de lettres. C’est comme si nous faisions le plein de cotisations REER.

Une fois tout le monde lettré, nous serons tous plus riches. Nous rayonnerons dans tous les secteurs. La générosité des lettres est plus redoutable que celle des chiffres, car elle meuble les esprits.





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