Par les temps qui courent, beaucoup d’amis disent avoir perdu leurs repères.
Lors du lancement de son film Testament, le cinéaste Denys Arcand a allumé ma mèche. J’ai perdu mes repères, a-t-il dit.
Le film raconte l’histoire d’un homme qui a perdu ses vous savez quoi.
En passant, ce sont tous des gars.
Je suggère que nous sommes en train de les trouver.
Perdre des repères dure une fraction de seconde. Se ressaisir est un peu plus long.
Toute notre vie, nous avons grandi dans une mentalité occidentale qui imposait ses repères au reste du monde.
Aujourd’hui, ces repères éclatent comme un plancher de verre. Nous sommes aspirés dans le vide.
Maintenant, il faut recoller les morceaux. Nous les trouverons un à un pour donner une nouvelle cohérence à tout ça.
Les morceaux se trouvent partout autour de nous. Il faut de la concentration, à cause du brouillard.
Deux jours après la prestation de serment de l’agent orange, l’évêque Mariann Budde, du diocèse épiscopal de Washington, lui a rappelé l’indulgence pour les minorités ciblées. Les yeux de l’autre roulaient dans le beurre.
Voilà un morceau.
À la radio, un commentateur suggère que beaucoup d’Américains réagiront mal, lorsque l’immigrant expulsé sera leur voisin bien-aimé. Et de deux.
J’ai coupé tout lien avec Facebook, à cause de l’odeur. Et de trois.
J’évite les textes sur l’agent orange ou le demeuré au salut nazi. Vive la lecture rapide. On avance.
Créer des repères est un acte de résistance.
Dans les prochains mois, écrit la journaliste Laura-Julie Perreault, dans La Presse du 25 janvier, ceux qui ont porté Donald Trump au pouvoir deviendront les principaux opposants aux mesures draconiennes en immigration que le nouveau président vient tout juste d’adopter.
Une autre bonne nouvelle.
Dans le même journal, le même matin. Le milliardaire américain Michael Bloomberg s’est engagé à compenser, à la place du gouvernement fédéral, toute contribution américaine impayée à l’ONU climat, écrit l’Agence France-Presse.
Trouver, c’est mieux que chercher.
Tous ces morceaux forment déjà la base d’un nouveau jour va se lever.
Nous ne sommes pas à Berlin, en 1945. Les bombes explosent dans nos têtes seulement. Les infrastructures demeurent.
C’est la conquête des esprits. C’était le titre d'un livre d’Yves Eudes, à propos du système d’exportation culturelle américaine vers les pays pauvres.
Ce type de guerre est connu. Comme une tactique des cerveaux brûlés.
Patience. Tout passe.
Demain, ça fera un jour de moins.
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