mardi 23 juillet 2024

Aimer

 

Chris Bergeron a passé 35 années de sa vie dans le côté homme de son corps. Les suivantes, dans le côté femme.


Ce n’est pas grave, lui dit Mélanie Dunn, présidente de l’agence de communication Cossette. Nous t’aimons telle que tu es.


Un échange humain dans un espace sans cloison.


Mélanie Dunn a changé ma vie, dit Chris Bergeron, dans une entrevue avec Rebecca Makonnen, à la radio de Radio-Canada.


Chris Bergeron est Vice-présidente, Culture et créativité inclusive, chez Cossette.


Inclusive, comme dans tout inclus.


Pour la première fois de ma vie, dit-elle, je suis aimée pour ce que je suis.


Il faut entendre le ton. Merci la vie.


Dans les années 90, j’ai passé les cinq plus belles années de ma vie professionnelle chez Cossette.


J’aimais tout. L’intelligence. La confiance au talent des gens. François Duffar. Les partys de bureau.


Les plus beaux au Canada, dit mon ami Normand Chiasson.


En marchant l’allée vers l’édifice de l’ancien consulat américain, rue Docteur-Penfield, j’entendais des trompettes.


Cette semaine, Cossette a embauché mon fils Louis Karim.


Louis aime les discours qui avancent.


Ce qui est bien de ces discours, c’est qu’ils ne quittent jamais ceux et celles qui les ont appréciés.


L’agence peut-elle vous instrumentaliser, demande Rebecca Makonnen.


Je ne me souviens pas de la réponse de Chris Bergeron.


On peut chercher les poux.


On peut aussi vivre le moment.


Laisser les bons temps rouler.


Aimer.


Ça fait du bien.




dimanche 21 juillet 2024

Cet été

 

Cet été, je lis des peintres.


L’été dernier, c’était Dany Laferrière. La couleur des mots.


Cet été, c’est Titien, Rembrandt, Raphael, Picasso, Vermeer, Colville.


Les peintres sont rarement connus par un prénom.


Celui d’aujourd’hui s’appelle Edward Hopper. Un peintre américain du XXème.


Dans le livre Edward Hopper, de l’oeuvre au croquis, il est écrit quelque part le mot « épuré ».


Les toiles de Hopper sont tellement épurées qu’elles se résument souvent à un regard.


Un homme regarde. Une femme regarde. Un groupe regarde.


Une nature morte chez Hopper, c’est une pièce vide.


Nighthawks est sa toile la plus connue.


Une nuit de 1942, un couple est assis au comptoir d’un café, sur Greenwich Avenue, à New York. Le long comptoir forme un triangle.


Une oasis de lumière dans la nuit.


La femme mange un sandwich et l’homme fume une cigarette. À leur droite, sur une autre face, le dos d’un homme. À l’intérieur du comptoir, le serveur, en uniforme et casquette blancs.


Il y a souvent du vert dans les toiles d’Edward Hopper. Fauteuils, rideaux, boiseries, arbres, herbes, voiture, linge, trottoir vert pâle. Vert forêt, mon préféré.


Nighthawks est un moment suspendu. Celui où chacun est dans sa bulle. Seul avec son sandwich, sa cigarette ou rien.


C’est l’ambiance et le ton.


J’aimerais être assis à ce comptoir. Deux bancs à la droite de l’homme à la cigarette.


Un seul banc suggérerait que nous sommes ensemble.


Deux délimitent la frontière des bulles.


Mon ami Joseph et moi finissions nos soirées au Harvey’s, sur Côte-des-neiges. Ou au Montreal Pool Room, sur St-Lau.


Nighthawks in Montreal.


La peinture ouvre sur l’imaginaire d’un autre.


Le livre comme un écran.


La toile comme un film.


Et moi, un millionnaire.