dimanche 30 octobre 2022

Il vente

 


Le vent comme une leçon d’humilité.


Les boeufs n’ont pas de cornes à Tadoussac.


Sur le parterre de l’hôtel, cinq chaises en bois se renversent à l’unisson.


Le vent joue aux quilles.


Une est tombée en sens contraire.


Ma première leçon d’humilité naturelle, je l’ai vécue dans le désert du Sinaï.


De l’autre côté du canal de Suez, à Ismaïlia, en Égypte.


De l’un côté, c’est l’Afrique.


De l’autre, l’Asie.


Un sentiment de désert, dans un océan de sable et de soleil.


Comme l’aviateur du Petit prince, à mille milles de toute terre habitée.


Une panne de moteur et ta vie change.


Ma deuxième leçon, c’est le tonnerre de la mousson, à Bamako, au Mali.


Moi qui pensais que le tonnerre de mon enfance était effrayant.


Il n’y a pas de mots pour décrire ce fracas.


Le son reste dans les os.


La baie de Tadoussac est tellement vaste, elle n’entre pas dans l’écran.


Le vent pousse un nuage de brume, direction la Gaspésie.


Le nuage est plus gros que la baie.


Il fait noir. On ne voit plus rien.


Les excursions en bateau sont annulées.


Aucun moustique en vue.


Le nuage est suivi par des éclaircies.


La nuit a duré deux minutes.


On ne voit pas ça à Montréal.


Poussée par le vent, la porte de l’hôtel laisse les feuilles mortes s’engouffrer dans l’entrée.


Les édifices craquent.


De l’autre côté de la rue, la chapelle des Indiens, 1750, ne bronche pas.


Je n’ai pas vu de boeufs à Tadoussac.


Ils sont partis avec le vent.




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