samedi 29 octobre 2022

Il brume

 


Il brume à Tadoussac.


La brume est le terreau de l’imaginaire.


Sur le parterre de l’hôtel, 20 chaises blanches en bois et 20 pots à fleurs regardent la baie.


Elles voient de la brume.


Celle-ci crée un effet de lumière sur le bois blanc.


En rangée de cinq, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot.


Une rangée pour gauchers aurait été un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise, un pot, une chaise.


L’étymologie du mot « gaucher » est « là où tu places le pot ».


Les pots à fleurs contiennent du sable, pour les mégots.


Au fond du pot, un morceau de moustiquaire permet l’évacuation de l’eau, tout en retenant le sable.


Le monsieur qui me dit ça travaille ici depuis 51 ans.


Sa collègue gratte la surface du sable pour enlever les mégots.


Et voilà la deuxième rangée.


Une chaise, un pot, une ch.


Les chaises n’ont pas besoin de passagers pour profiter de la vue.


Par définition, elles sont assises, au repos.


Il suffit de les placer dans la bonne direction.


Les chambres avec vue sur la baie coûtent 20 $ de plus que celles donnant sur le bois.


Aujourd’hui, elles ont vue sur la brume.


La démocratie se trouve même dans les nuages.


La brume a le même réflexe que l’horizon.


Plus on avance vers elle, plus elle recule.


On ne voit pas où on va ni d’où on vient, mais on sait où on est.


Un groupe de 25 touristes part en excursion aux baleines.


Voir la brume reculer.


Une sirène de bateau est un son sans bateau.


Le vent vient de renverser cinq chaises à l’unisson. Elles regardent le gazon.


Dans quelques jours, l’hôtel ferme pour l’hiver.


Je suis venu ici pour marcher et respirer.


Ne rien faire.


Je suis comblé.


Je n’ai rien vu.





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