Les Québécois sont
accueillants. À Montréal, même les taxis disent bonjour.
Le scientifique et
humoriste Boucar Diouf l’a raconté. Un soir, il a dû se cacher dans un bar
parce que des fêtards Blancs voulaient faire sa fête au Noir. Je ne répéterai
pas les vrais mots.
Sa rencontre avec une
gaspésienne et la Gaspésie a été plus heureuse. Les gens n’ont pas passé de
commentaires sur sa jambe un peu plus courte que l’autre. Une belle surprise et
un complexe de moins. Devant l’accueil québécois, Boucar Diouf a grandi un peu.
Et nous l’aimons.
Le Québec est une
société normale dans son ignorance et son accueil.
Le premier ministre
François Legault tient à l’accueil. Il est prêt à recevoir moins d’immigrants
au Québec, pourvu qu’ils soient mieux accueillis.
L’accueil prélude
l’égalité.
Mon grand-père
Joseph-Arthur a reçu des passants chez lui. Il leur offrait un repas, parfois une
nuit.
Mon père a aidé des
entrepreneurs à démarrer leur entreprise. Lorsqu’ils voulaient le remercier, il
leur suggérait d’aider à leur tour.
Papa a embauché des
détenus.
Nous avons été bien accueillis
ici. On nous a dit installez-vous sur nos terres, mariez nos femmes et marchons
la Grande Tortue ensemble. Lorsque vous serez malades, nous vous guérirons.
Les Premières Nations
nous ont tout appris.
Nous accueillons comme
nous avons été accueillis et pourtant, nous ignorons maintenant ces gens qui
nous ont reçus.
François Legault ne
sait pas quoi dire aux Premières Nations. Alors, il dit qu’il ne peut les
rencontrer. Cela s’appelle jouer sur la relation. Jouer au grand en se montrant
petit.
Parler de nation à
nation prélude l’égalité.
François Legault a
besoin d’aide.
Nous ignorons les
Premières Nations parce que nous avons volontairement été séparés d’eux. Ils
sont devenus des étrangers et nous avons peur de l’étranger. Mais un étranger,
ça s’apprend.
La curiosité est
l’apprentissage de l’étranger.
Du moment où je sais
que nous avons été séparés par une volonté politique de faire des Premières
Nations des parias, je sais que j’ai été manipulé. Je veux savoir.
Le vérité, c’est que
les Premières Nations sont des sociétés très avancées sur la connaissance, la
science, l’eau, l’air et le feu, la spiritualité, l’humour, la vie.
Ces connaissances ont
agi sur nous comme un aimant. Dans les
années 1680, dit l’anthropologue Serge Bouchard, quatre-vingt-cinq pour cent des Français qui arrivaient ici prenaient
le bois. Ces hommes d’Europe ont marié les femmes d’ici et leur continent,
la Grande Tortue.
Petit problème, les
connaissances autochtones échappaient aux curés et à la mère patrie. Il fallait
un mensonge. Le premier a été la religion.
Les Britanniques ont
réglé la question en planifiant le vol des terres, le génocide et les politiques
racistes. Ne pas avoir à se justifier, se débarrasser des témoins gênants. Une
politique de la coupe à blanc, genre.
Les ingrédients du
génocide ont été les réserves, les pensionnats, des politiciens, des religieux et
des mensonges. Mais aussi les complices, médecins, notaires, policiers, juges
et avocats, familles d’accueil. La séparation est devenue inévitable.
Petite parenthèse. Les
Européens ont refait le coup en Afrique.
En 1885, treize pays
européens et les États-Unis ont découpé l’Afrique en futures colonies. Il fallait
apporter aux africains les bienfaits de la civilisation européenne. Aucun de
ces diplomates n’avait mis les pieds en Afrique.
Aujourd’hui, l’image
de l’Afrique, c’est la colonisation, la pauvreté et la pitié. Aux États-Unis, l’image
des Noirs, c’est l’esclavage.
Si vous mettez la main
sur la série Les grandes civilisations
africaines, du réseau américain PBS, vous verrez l’ampleur de la vérité. La
grandeur de l’Afrique est d’avoir tout inventé, même Sapiens. Ne comptez pas
sur les Européens pour le raconter.
C’est la même chose
ici. L’image des Premières Nations sont des stéréotypes véhiculés et répétés
par les descendants des Européens, vous et moi.
Les sages font les
proverbes et les sots les répètent, disait René Lévesque.
Nous répétons ces
inepties par ignorance. Mais une fois que nous savons que nous colportons des
mensonges, avons-nous le droit de fermer encore les yeux?
Pour contrer
l’ignorance, il suffit d’ouvrir un livre et de tourner la page.
Il faut lire les
récits des Premières Nations, retrouver l’étranger.
L’imaginaire est plus riche que la colère.
Il faut le dire à nos
enfants et à François Legault.
N’ayez pas peur,
monsieur Legault. Vous serez bien reçu.
Lorsque Luc dit "Bonjour", cela ébranle.
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