Je ne compte
plus le nombre de fois que suis allé en Jordanie.
C’est
toujours le même itinéraire. J’arrive de Wadesdah, en compagnie de Tintin et du
capitaine Haddock. Nous allons rencontrer l’Émir Ben Kalish Ezab, à la page 28
de Coke en stock. Il vit dans une des
maisons sculptées dans le roc de la ville historique de Pétra. Je reste quatre
pages en Jordanie. À la page 32, Tintin, le capitaine et moi quittons le pays,
en direction de l’Arabie saoudite. Pour changer de pays, il suffit de tourner
la page. Je voyage en papier.
Le camp
Za’atari est situé dans le nord de la Jordanie. Quatrième ville de Jordanie, il
compte plus de 80 000 réfugiés, selon Oxfam International.
80 000
réfugiés, ça crée beaucoup de déchets.
Ce matin, les
Syriens Mohamma, 9 ans, Odai, 10 ans, Malek, 10 ans, et Abed, 9 ans, fouillent
dans le dépotoir. Ils ont une idée en tête, ils cherchent leurs matériaux de
construction.
Il faut voir
leurs bouilles : des joues à croquer, des cheveux noirs, des airs haïssables
et des yeux dans la lune.
Un muret en
carton va délimiter le périmètre de la propriété. À l’intérieur, les garçons
vont construire une maison en carton, et faire pousser des feuilles en
plastique rouge aux arbres. Pour faire les courses, une bouteille-en-plastique-voiture-électrique.
Sans oublier la grande roue éolienne et la piscine pour le poisson.
Leur maison s’appelle
Oxfam House. Le mur extérieur arbore deux
yeux en plastique. Si Walt Disney fait chanter une souris, notre maison peut
bien veiller sur nous, lorsque nous jouons dehors.
Mohamma,
Odai, Malek et Abed ont construit Oxfam
House pour sortir de la Jordanie. Ils ont envoyé leur jouet à Oxfam-Québec,
dans le cadre du 21ème
concours international de jouets fabriqués à partir de matériaux récupérés.
Ils voyagent en carton.
Ils ont
gagné.
Il n’y a pas
d’or ni d’argent ni de bronze dans le concours d’Oxfam. Les gagnants viennent
de partout, ils remportent un prix identique.
Le texte de
présentation de la Oxfam House dit
plus qu’il n’écrit. The idea of the Oxfam
House is to have a safe place to stay. Et un mot pour les grands : Young people are the future so we need to
protect the environment. Peu de jouets racontent une telle histoire.
En 2003, j’ai
eu la chance d’aller remettre un prix à un jeune à Lima, au Pérou. Le petit
bonhomme venait de remporter un prix international, un long mot pour une tête
de 10 ans. Sa mère allait être en mesure de lui acheter un sac d’école et des
livres. Le garçon venait de gagner un peu d’avenir.
Si vous allez
au planétarium de Montréal Rio Tinto Alcan, à côté du stade, les 150 jouets en
provenance de 8 pays sont accrochés au plafond du café, derrière l’entrée.
Jusqu’au 27 mai.
Oxfam House, de Mohamma, Odai, Malek et Abed, porte le #18.
Merci Luc. C'est redondant, je sais. Ton plume l'oblige. Je sais où j'irai prochainement à Montréal. Oxfam House ou Safe House for our Future. C'est noté.
RépondreSupprimerLudewic, bien plus que Dave.