vendredi 19 juin 2015

La vie est belle


La vie est belle. Il arrive qu’elle le soit encore un peu plus. C’est arrivé cette semaine avec la magnifique fresque des papiers peintres Ella et Pirt, sur les toits et le stationnement d’Oxfam-Québec, à Montréal. La vie prend de la hauteur, elle nous emmène vers une beauté où on se sent bien.

La fresque Les rois d’en bas est inspirée de la désolation des Népalais, suite aux violents séismes d’avril dernier. Trois personnages se tiennent en boule, chacun dans un cadre. Ils sont angoissés, démunis, ils veulent retourner dans le ventre de leur mère. Le dernier bout, c’est moi qui l’invente. Mon père est décédé en position foetale, il voulait revoir sa mère. Lorsqu’un tremblement de terre coupe la vie autour de toi, je suppose que tu veux revoir ta mère.

J’ai fait partie du conseil d’administration d’Oxfam-Québec durant 12 ans. Une magnifique expérience dans une organisation hors norme. À part la Croix rouge et les Nations Unies, je ne sais pas s’il existe une organisation de cette ampleur au monde. Le Ghanéen Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unis, a déjà dit qu’Oxfam était l’organisme le plus influent au monde.

Il faut aller en Haïti pour le comprendre. Là-bas, je ne suis pas Oxfam du Québec, du Canada, d’America, ou de Grande-Bretagne. Le mot Oxfam ouvre toutes les portes. Je dirais qu’il est accompagné d’un soulagement. Oxfam respire.

La fresque d’Ella et Pitr aurait pu se retrouver sur le toit de tous les Oxfam du monde. C’est un geste d’une immense dimension, la nouvelle communication. Il interpelle instantanément la mobilisation mondiale en rappelant la mission d’Oxfam auprès des réfugiés. Et pour une rare fois, le geste est celui d’un rêve. Il n’est pas misérabiliste, il ne s’acharne pas sur des victimes.

Au lieu de dire voici la misère, il propose nous pouvons sortir de la misère. Il montre que la vie repose parfois sur une angoisse, que ton voisin peut avoir besoin de toi pour retrouver son bonheur. Dans la vie d’une société, un tremblement de terre est un caillou dans le soulier. Il sera possible un jour de s’en débarrasser, sans jamais l’oublier.

J’étais en Haïti six mois après le tremblement de terre qui a fait plus de 300 000 morts. J’allais rencontrer des collègues des États-Unis, de Grande Bretagne, d’Italie, et d’Oxfam International. Quand j’ai vu un petit film dans lequel des citoyens jouaient le drame face à un public, j’ai compris que la reconstruction était commencée. La misère a toujours le même visage, il est possible de le changer.

Je souhaite à Oxfam beaucoup de fresques. Chacune nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. C’est l’expression de la vie dans ce qu’elle fait de mieux.





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