Chargé de cargos, de chalands, de paquebots, de pétroliers, le Saint-Laurent quitte l’Île de Montréal au confluent de la rivière des Prairies. La rue Notre-Dame y entreprend le voyage qui la portera à travers la ville jusqu’à Lachine.
Est-Ouest est le second texte de l’ouvrage Heureux les nomades et autres reportages 1940-1945, de Gabrielle Roy. Il débute comme un dessin animé sur la Ville de Montréal.
Un dessin animé transforme un objet improbable en un sujet du verbe. La souris Mickey Mouse, de Walt Disney, pilote le bateau Steamboat Willie, sur le Mississippi, en 1928.
Le lecteur se laisse séduire par la proposition irréelle, et Mickey Mouse intègre sa culture.
Le Saint-Laurent quitte l’Île de Montréal au confluent de la rivière des Prairies.
La rue Notre-Dame y entreprend le voyage qui la portera à travers la ville jusqu’à Lachine.
Que s’est-il passé, suite à la rencontre des rues Sainte-Catherine et Peel?
Ces personnages sont en mouvement. Le fleuve devient un acteur. Il quitte toujours l’Ile de Montréal, et la rue Notre-Dame entreprend toujours un voyage, quatre-vingts ans plus tard.
Le support papier du Bulletin des agriculteurs est un écran. Je vois, j’entends le vent, la neige et les souffleuses. La fontaine ronde, au milieu du parc rectangulaire du Carré St-Louis.
L’Abitibi et ses gens.
Mais il y a plus.
Je range cet ouvrage à côté de ceux de l’anthropologue Serge Bouchard. Du groupe Kashtin et Florent Vollant. De l’historien Denys Delage. De l’anthropologue Rémi Savard. De l’avocat et auteur Cri Harold D. Johnson. Des cinéastes abénakises Alanis Obomsawin et Kim O’bomsawin. De l’aînée Innue Joséphine Bacon. Du cinéma autochtone Wakiponi. Et ainsi de suite. Je garnis les rayons de la nouvelle bibliothèque de mon histoire.
Il faut réécrire toute notre histoire, 15 livres et 15 films, dit Serge Bouchard dans le documentaire L’empreinte.
Des travaillants, du courage, des bâtisseurs. Du sang, de la sueur et des larmes, disait Winston Churchill.
Jamais de porteurs d’eau ni de petits pains.
Une révolution pas tranquille.
Plus un Canadien français est isolé là-bas (dans l’Ouest canadien), plus il se montre entreprenant, écrit Gabrielle Roy. C’est l’histoire de l’Écossais qui réussit à Londres, de l’Anglais aux Indes, de l’Irlandais à New York. Quand un Canadien français est seul de sa race dans un village de l’Ouest, il y occupe presque toujours un emploi marquant (p. 281).
Pour encourager son mari bûcheron dans le bois, sa dame l’accompagne. Quand je le voyais fatigué, dit-elle, prêt à se décourager, je lui disais: j’aurais jamais cru que tu étais aussi fort. Et il se redressait de toute sa taille et recommençait à bucher. (p.211).
Je n’ai jamais lu des propos aussi marquants à l’école.
Si nous sommes peut-être quelque chose comme un grand peuple, comme disait le premier ministre René Lévesque, nous sommes peut-être aussi nés pour un gros pain.
La bibliothèque est prête, monsieur Bouchard.
Il reste à ouvrir les portes de l’école.