Demain, je déménage un pot à paparmanes.
À paparmanes veut dire que le pot est
destiné aux paparmanes. De paparmanes, le pot est rempli de.
Il a la forme d’un baquet, comme dans l’expression heille baquet.
Baquet serait parent en quelque part
de bacaisse, mais pas comme dans swing la bacaisse. Cette bacaisse-là est un
instrument de travail. La chose n’est pas claire.
Baquet, c’est un monsieur dont le tour
de taille fait plus que son tour d’épaules.
Les anciennes petites bouteilles de bière,
en plus bacaisses.
Le pot est en vitre. Un couvercle dodu
le coiffe comme un pompon.
Une bande rouge ceinture la taille,
avec des pois blancs en imprimé. La bande est cerclée d’un motif de broderie.
Un vrai pot de grand-mère.
Ce pot appartenait au comptoir de
cuisine de maman.
Lorsqu’elle déménageait ou passait l’été
au chalet, le pot suivait d’un comptoir de cuisine à l’autre.
Bien que je ne sois pas un mangeux de
paparmanes, je trouvais les roses plus jolies.
Ma fille Camille a hérité du pot à paparmanes
de maman. Ces dernières années, il a contenu des arachides.
À partir de demain, le pot de
paparmanes contiendra des paparmanes roses de l’Arbre à paparmanes du cousin
Fred Pellerin, de Sainte-Élie-de-Caxton.
Lorsque je les ai achetées, la dame était
très fière de son arbre et de notre Fred.
J’ai été impressionné par l’accueil
des résidants de Saint-Élie. Ceux qui n’aiment pas le phénomène devaient être bien cachés,
je ne les ai pas vus.
Bref, je n’avais pas le goût d’expliquer
à la dame que mon achat était une affaire de famille.
Fred est mon cousin, de la même manière
que les Panneton, Pellerin, Bellemare et Gélinas sont cousins.
À force de se croiser dans les mêmes
villages durant des générations, les familles en sont venu à se décroiser le
croisement.
La belle-mère de mon oncle Achille
Bellemare s’appelait Angélina Bellemare.
Ma tante Jacqueline Panneton et son
mari Marcel Pellerin étaient parents quelque part.
Je suis parent quelque part avec Fred
Pellerin.
Ce quelque part est la part du flou,
celui qui rend le ténu possible.
Je parle de Fred, ça sonne bien dans
une phrase. Vous ne risquez pas d’entendre mon nom dans un de ses monologues.
Cet après-midi, j’ai lavé le pot à paparmanes.
Demain, Camille quitte la maison.
Elle emmène avec elle sa grand-mère
dans Villeray, le pot de paparmanes roses sur le comptoir de cuisine.
Il y avait de l’eau chaude dans le pot
et sur mes joues.
Un jour, la famille est partie.
Un autre jour, la parenté est arrivée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire