samedi 1 septembre 2018

Un air de famille



Demain, je déménage un pot à paparmanes.

À paparmanes veut dire que le pot est destiné aux paparmanes. De paparmanes, le pot est rempli de.

Il a la forme d’un baquet, comme dans l’expression heille baquet.

Baquet serait parent en quelque part de bacaisse, mais pas comme dans swing la bacaisse. Cette bacaisse-là est un instrument de travail. La chose n’est pas claire.

Baquet, c’est un monsieur dont le tour de taille fait plus que son tour d’épaules.

Les anciennes petites bouteilles de bière, en plus bacaisses.

Le pot est en vitre. Un couvercle dodu le coiffe comme un pompon.

Une bande rouge ceinture la taille, avec des pois blancs en imprimé. La bande est cerclée d’un motif de broderie.

Un vrai pot de grand-mère.

Ce pot appartenait au comptoir de cuisine de maman.

Lorsqu’elle déménageait ou passait l’été au chalet, le pot suivait d’un comptoir de cuisine à l’autre.

Bien que je ne sois pas un mangeux de paparmanes, je trouvais les roses plus jolies.

Ma fille Camille a hérité du pot à paparmanes de maman. Ces dernières années, il a contenu des arachides.

À partir de demain, le pot de paparmanes contiendra des paparmanes roses de l’Arbre à paparmanes du cousin Fred Pellerin, de Sainte-Élie-de-Caxton.

Lorsque je les ai achetées, la dame était très fière de son arbre et de notre Fred.

J’ai été impressionné par l’accueil des résidants de Saint-Élie. Ceux qui n’aiment pas le phénomène devaient être bien cachés, je ne les ai pas vus.

Bref, je n’avais pas le goût d’expliquer à la dame que mon achat était une affaire de famille.

Fred est mon cousin, de la même manière que les Panneton, Pellerin, Bellemare et Gélinas sont cousins.

À force de se croiser dans les mêmes villages durant des générations, les familles en sont venu à se décroiser le croisement.

La belle-mère de mon oncle Achille Bellemare s’appelait Angélina Bellemare.
Ma tante Jacqueline Panneton et son mari Marcel Pellerin étaient parents quelque part.

Je suis parent quelque part avec Fred Pellerin.

Ce quelque part est la part du flou, celui qui rend le ténu possible.

Je parle de Fred, ça sonne bien dans une phrase. Vous ne risquez pas d’entendre mon nom dans un de ses monologues.

Cet après-midi, j’ai lavé le pot à paparmanes.

Demain, Camille quitte la maison.

Elle emmène avec elle sa grand-mère dans Villeray, le pot de paparmanes roses sur le comptoir de cuisine.

Il y avait de l’eau chaude dans le pot et sur mes joues.

Un jour, la famille est partie.

Un autre jour, la parenté est arrivée.






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