samedi 6 janvier 2018

Demain




Mon ami Jean-Pierre Denis n’a pas de cafetière chez lui. C’est voulu.

En été, Jean-Pierre sort de la maison, tourne à droite sur Ontario, marche jusqu’à la boulangerie pâtisserie, angle Papineau. Ce faisant, il marche, ne pense à rien et à tout, à tout surtout. Il achète son pain, cause avec la pâtissière et boit son café en rentrant.

Jean-Pierre préfère la communauté à la cafetière.

Le documentaire Demain ne parle pas de cafetière. Cyril Dion et Mélanie Laurent montrent des initiatives de partout pour repenser nos communautés.

Pris isolément, ces exemples paraissent gentils. Colligés dans un film de deux heures, ils apportent une énergie nouvelle au mot demain.

À Todmorden, en Angleterre, Pam Warhurst fait pousser des légumes sur le parvis de la gare, du poste de police, chez le médecin. Le mouvement Incredible Edible veut atteindre l’autosuffisance en 2018.

En Normandie, en France, Perrine et Charles Hervé-Gruyer pratiquent la permaculture, un rendement multiplié par dix.

En Suisse, la banque Wir émet le franc Wir depuis 1934 ; 60 000 PME adhérentes encouragent leur économie en achetant entre elles.

En 2008, à Reykjavik, en Islande, la Révolution des casseroles a réécrit la constitution du pays.

La ville de San Francisco pratique l’économie circulaire et vise le zéro déchet d’ici à 2020.

Le maire de la municipalité de Kuthambakkam, en Inde du Sud, fait cohabiter des castes autrefois séparées, et transforme la ville.

Une constante : demain débute chez nous. Si chacun chacune adopte le point de vue de chez soi, la planète devient le chez nous de tout le monde.

Demain ne parle pas d’environnement, mais de révolutions tranquilles dans nos environnements. Les solutions viennent de nos façons de penser.

Il m’arrive d’accompagner Jean-Pierre au café.

En hiver, nous ouvrons la porte, tournons à droite sur Ontario, marchons jusqu’à Papineau, à la boulangerie pâtisserie. Ce faisant, nous marchons, parlons de tout et de rien, de rien surtout. Il achète son pain, nous causons avec la pâtissière et nous buvons notre café en rentrant.

Nous ne manquons jamais de mots, juste de temps.

Demain, c’est Lucky Luke et son fidèle compagnon Jolly Jumper, marchant vers le soleil couchant, chantant I’m a poor lonesome cow boy, I’m a long long way from home.

Demain, c’est l’enfant qui ferme les yeux, espérant de beaux rêves jusqu’au petit matin.

Demain, c’est l’optimisme du cerveau et la musique originale de Fredrika Stahl.

Ce genre de demain-là.

Il y a une autre bonne nouvelle.

Entre nous et demain, il y a nécessairement une distance de temps. Cette distance est vide, personne ne peut présumer de quoi elle est faite.

Or, Demain sait de quoi demain sera fait, il le montre.

Demain préfère la pâtissière à la cafetière. Demain, c’est aujourd’hui.






1 commentaire:

  1. Magnifique texte Luc. Aussi exquis qu'un Espresso hors-prix sorti d'un Nespresso du même acabit. A la seule différence que lui, le texte, est une révolution tranquille. Le blogue est une révolution tranquille. Il y a de la communauté dans les mots, les lettres, les espaces, dans les cadres et menant ailleurs. Il y a ce rien sur tout et ce tout sur rien, ou presque. Tu me diras c'est déjà beaucoup. Tout, juste. Mais on manque de temps, ou comme l'autre dirait : c'est une question de priorités. Demain attendra, aujourd'hui est la seule urgence. Merci Luc.

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