vendredi 5 janvier 2018

Accro à facebook



Ce matin, dans sa chronique du journal Le Devoir, le journaliste Fabrice Vil raconte être Accro à facebook.

Vous écrivez, monsieur Vil, que Bien sûr, facebook est un outil spectaculaire dont je ne pourrais me passer. Eh bien, je vous annonce que oui. Vous pouvez vous passer de facebook, comme des milliards d’hommes et de femmes s’en sont passé, depuis les débuts de l’humanité. Ils et elles ne sont pas morts inutilement.

Je me sers de facebook pour annoncer la publication d’un texte comme celui-ci sur mon blogue.

Vous évoquez dans votre texte que, grâce aux données relatives à l’ensemble de nos interactions (…) Mark Zuckerberg est donc au courant des articles que je lis dans Le Devoir, de mes allées et venues sur Uber et de ma vie sur Tinder.

Je vous rassure. Mark Zuckerberg ne s’intéresse pas à vous, de la même manière que ses allées et venues vous ne vous intéressent pas.

Il y a 30 ans, mon ami Bory est retourné vivre au Niger. Nous avons longtemps correspondu par lettre. Depuis une vingtaine d’années, c’est le courriel. Je l’ai eu au téléphone, il y a quelques jours. Le bonheur dépassait de loin les médias sociaux.

Médias sociaux est un pléonasme, comme monter en haut ou tous unanimes.

Ce qui alimente facebook, c’est votre inquiétude. Savoir que vous ne pouvez vous en passer. Ce moment fragile dans votre vie confirme sa raison d’être.

Cela s’appelle une béquille.

Vous savez certainement que ces sentiments font partie de la relation marketing souhaitée entre facebook et vous.

Ce qui dérange facebook, c’est votre démarche actuelle. Vous êtes en sevrage depuis novembre 2017. Vous avez fermé l’application. Vous ne comptez pas la remplacer et vous vous en portez bien.

Votre travail n’est pas fini : J’apprivoise aussi l’idée d’effacer mon compte Instagram, mais j’ai peur de ce qui adviendrait. Je vous rassure, il n’adviendra rien. Les gens se passent aisément de ce que vous publiez sur Instagram.

Je n’utilise pas Instagram et personne ne m’en veut.

Facebook n’est qu’une nouvelle façon de commercer les relations à l’ère du numérique. Le téléphone de Graham Bell a rempli la même fonction au début du XXè siècle. Et l’imprimerie de Gutenberg au Moyen-Âge.

Le nouveau de tout cela n’est pas la communication, mais la vitesse.

Ceci dit, oui, le phénomène médiatique mondial de facebook intéresse. Mais sérieux, nous n’utiliserions plus le téléphone que nous n’en mourrions pas, comme des milliards d’hommes et de femmes qui, depuis…

Si facebook disparaissait complètement d’un coup, les gens trouveraient d’autres moyens d’entrer en relation. La nature raffole du plein.

Vous écrivez le mot affranchir pour décrire votre démarche. Le dictionnaire propose aussi le mot assumer. En toute amitié, je vous en suggère le mot grandir.



1 commentaire:

  1. Luc, la chute est dure :) Je te dirai que notre époque ne raffole pas de médias sociaux, mais du fait d'enfoncer des portes déjà (largement) ouvertes et de renommer cela : acte révolutionnaire. Une nouveauté. La nouveauté, c'est vieux comme le monde. Avec beaucoup de pléonasmes et de néologismes. As(th)mes et Is(th)mes. C'est ma génération.

    J'aime beaucoup Me Fabrice Vil, il est brillant, engagé, figé dans sa génération. Doit-on dire que Facebook, c'est le minitel (etc.) version très améliorée du nombrilisme et je-meuble-mon-ennui (ou ma "phobie" du vide). Etc.

    Du vieux dans un faux neuf et les foules sans mémoire ou pire meuglent au miracle. Et chacun explique le pourquoi du comment de ce qui est su depuis longtemps. La complexité terrible du monde que nous héritons ne nous intéresse pas, pas le fun et pas très sexy. Nos questions existentielles tournent autour de : "être Facebook (Instagream, Tinder, Snapchat, etc.) ou ne pas être", la tension shakespearienne est palpable. La dramaturgie aussi. C'est notre côté adulescent de moins de 35 ans. Que veux-tu? On fait du mieux que l'on peut.

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