vendredi 5 juillet 2019

Cent ans


Je viens de passer deux semaines près de communautés juives.

Le juif errant est arrivé, un reportage du journaliste français Albert Londres.

En 1928, huit mois dans des communautés juives d’Europe de l’est et de Palestine. Un documentaire écrit.

Il y a les juifs au dos voûté et ceux au corps droit.

Il y a ceux habillés en noir, barbe et papillotes. Il y a ceux rasés et celles aux seins à l’air. On y va de la misère aux bonheurs.

Albert Londres les a observés, écoutés, il leur donne la parole.

Ça fait changement, nous sommes habitués de les juger.

Une ballade en taxi avec un homme en noir, une femme dormant dans un ruisseau d’égout, un rabbin hésitant à propos de la Palestine.

Ça sent le tissu, la merde et le malaise.

Ça sent l’espoir aussi.

Quatre-vingt-dix pages. Un voyage.

J’ai toujours entendu parler de communautés juives et pourtant, je ne les connais pas.

Un quartier de Saint-Laurent, autrefois surnommé Jérusalem.

Les juifs d’Outremont, ignorants des gens et du pays.

Des collègues publicitaires juifs, les plus hilarants que j’aie rencontrés.

Il y a Leonard Cohen, les guerres, les paix, la Shoah, Einstein, Israël, Spielberg et ainsi de suite.

L’histoire n’a jamais été tendre avec eux.

Ce sont mes voisins.

Dans certaines pages, on dirait que quelques jours nous séparent de 1928.

J’ai vu des juifs dans un marché aujourd’hui. J’ai eu le sentiment de les connaître mieux.

J’aimerais lire un documentaire de cent pages de Marie-Ève Bédard, journaliste à Radio-Canada, sur le Moyen-Orient et l’Asie.

Cent pages de Raymond St-Pierre, sur la Chine et la Russie.

Cent pages de Denis Lessard, sur le pouvoir à Québec.

S’informer sur un écran de la taille d’une souris, c’est regarder un long métrage par le trou de la serrure.

Le format original du récit, c’est le temps.

Cent pages, ce n’est rien et ça dure cent ans.

Le papier est l’avenir de l’information.




1 commentaire:

  1. "Albert Londres les a observés, écoutés, il leur donne la parole.

    Ça fait changement, nous sommes habitués de les juger. [...]

    S’informer sur un écran de la taille d’une souris, c’est regarder un long métrage par le trou de la serrure.

    Le format original du récit, c’est le temps.

    Cent pages, ce n’est rien et ça dure cent ans.

    Le papier est l’avenir de l’information." - Voilà, pourquoi je resterai ton éternel Padawan. Tu dis en moins d'une page ce que nous autres verbeux disons en mille pages, moins d'une page égale mille pages je ne n'ai jamais été doué en maths (faut dire c'est comme toi et le p'tit jésus :) j'ai rapidement abandonné le truc). Super texte mon frère, on marche avec et entre les mots, comme toujours avec toi :)

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