vendredi 19 juillet 2019

Pour quelques octets


Les Mohawks sont des gens sales.

Ce n’est pas ce que le maire d’Oka dit, mais c’est ce que j’entends.

Pascal Quevillon dit que céder plus de terrains aux Mohawks d’Oka, veut dire plus de cabanes à cigarettes, plus de comptoirs de cannabis, et des cours d’eau remblayés par on ne sait même pas quoi. Tout du sale.

Pascal Quevillon dit informer, il est de la propagande.

Et le maire en rajoute.

Et le chef Mohawk Serge Otsi Simon n’en rajoute pas. Il parle de réconciliation.

Un promoteur Blanc veut redonner aux Mohawks des terres qui leur ont été volées. Pascal Quevillon déterre la hache de guerre.

Et les médias en rajoutent. Par leur présence, ils créent l’événement. Une Crise d’Oka 2.

Et les gens en rajoutent.

Et cetera.

L’information colporte l’ignorance. Un homme en colère ne règle rien.

Nous nous comportons comme des cancres.

Depuis trente ans, le maire d’Oka n’a pas ouvert un seul livre.

Il répète les mêmes bêtises que l’autre maire d’Oka, trente ans avant lui. Ce ne sont pourtant pas les livres, les articles et les films qui manquent.

À croire que le fauteuil de la mairie d’Oka est moulé pour des cruches.

Si le maire lisait, s’il écoutait, il s’assoirait avec le chef Simon.

Il dirait aux caméras de rentrer chez elles.

Au lieu de prendre ses distances, il les donnerait pour se rapprocher.

Il baisserait le ton et deviendrait un chef.

Le litige porte sur la distance, pas sur les terrains.

Si vous ne croisez jamais de membres des Premières Nations, c’est parce que c’est voulu.

C’est ce que le chef Simon m’a expliqué. Il lui a fallu une phrase dans un film. La distance est voulue et maintenue par le politique.

L’inconnu a la tête de tous les fantasmes.

Une phrase. Quelques octets dans un cerveau.

Un cerveau de maire devrait être en mesure de les absorber.

Encore faut-il qu’il soit ouvert.





1 commentaire:

  1. Salut Luc,

    J’adhère à ta lecture des évènements.

    Les propos de Quevillon reflètent non seulement sa propre ignorance, mais aussi celle d’une partie de la population et de la société qui l’a choisi comme représentant.

    Quevillon nous rappelle qu’un titre n’est pas garant de compétence. En effet, le prestige qu’un statut comme celui de maire, patron, gestionnaire, directeur, député, premier ministre, etc. apporte ne garantit aucunement sagesse et jugement. Ils n’assurent qu’une certaine autorité.

    Les médias, bien que non élus, détiennent eux aussi énormément d’autorité. Encore une fois, une énorme orchestration. Sensationnalisme, grands titres et cotes d’écoutes au menu. Une autre belle opportunité de rapprochement, d’écoute et de dialogue entre les citoyens de bousillée.

    J’aimerais conclure mon court message avec une idée géniale, ou encore sur une note positive, mais je n’y arrive tout simplement pas.

    Contrairement à ce que tu dis à la fin de ton texte, je ne crois pas que le problème du maire soit celui de l’ouverture, même s’il ne s’agit que de quelques petits octets.

    Selon moi, c’est un problème de culture. Pour reprendre ta métaphore informatique, c’est un manque de culture vive. Certains fonctionnent avec de la mémoire neutre, voir morte, celle qui est formatée par les chiffres, le rendement, l"influence et le pouvoir.
    ll manque à leurs systèmes d’exploitation le grand logiciel des sciences humaines, l’application curiosité, la mise à jour histoire, et le "add-on" doute. (et bien d’autres!)

    Tu le sais, il n’est pas aisé de mettre à niveau de vieux systèmes. Je ne dis pas que c’est peine perdue, mais souvent il est difficile de défaire ce qui a été corrompu.

    Merci encoure pour ton texte !

    Diego

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