Un homme est
assis devant une caméra.
Je suis
derrière la caméra, dans mon salon.
Un monsieur
élégant, dans la soixantaine.
L’élégance est la couche
supérieure de la beauté. Andrée Lachapelle.
Il est vêtu de
bleu et de gris, comme sa veste. Un contraste avec le fond noir.
On a accroché
un micro à sa veste.
Le monsieur a
le regard d’un monsieur absorbé dans ses pensées.
Un regard de
salle d’attente.
Il fait
connaissance avec le studio de tournage.
Sa curiosité est
attirée vers la gauche. Il se penche un peu, revient droit, vers la caméra.
L’écran écrit
Raymond Watso, Waban-Aki (Abénaquis).
Raymond Watso
regarde vers le bas. Le regard remonte, fixe la caméra.
Dans un article, Guy Sioui Durand écrit que Raymond Watso semble peiner à ressasser ses
idées pour revisiter le fil de sa vie.
Je trouve que
le monsieur ne semble pas impressionné une miette.
Guy Sioui
Durand est sociologue de l’art, de la nation des Hurons-Wendat.
Je suis curieux
du regard des autres.
La curiosité
vise en haut à droite. Elle balaie légèrement, de droite à gauche.
Raymond Watso semble
regarder son intérieur. Cela crée un sentiment de vide à la surface.
Un regard de
cent-quatre-vingts degrés, comme dans la forêt.
À droite,
légèrement vers le haut.
En bas puis,
légèrement vers le haut. Revient vers la caméra.
Balaie
légèrement.
Il fixe le bas
devant lui.
En haut.
En bas.
Légèrement en
haut à droite.
Devant.
En bas.
Dans la
lentille.
Good evening,
my name is Raymond Watso.
What I would
like to say about myself, that I’m an alcoholic.
I came in seventy-three
from Chicago. I drank for ten more years.
Eighty-three, I
stopped.
La scène a duré
deux minutes et quatre secondes.
L’écran écrit Indian
Time. Il n’écrit pas de Carl Morasse.
La
communication dans le silence. Comme le temps.
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