Rona a été vendu. Pour plusieurs, le Québec
vient de s’en faire passer une. En fait, la solution réside dans le choix du
président.
Comme le Québec compte 53% d’analphabètes
fonctionnels, il y a une « chance » sur deux que l’actuel président de
Rona ne sache pas lire. Par contre, il sait compter. Des analphabètes millionnaires,
ça existe, j’en connais.
Le président de Rona occupe ce poste depuis
moins de trois ans. Il quittera ses fonctions en ayant empoché 20 millions de dollars.
Ce montant ne comprend pas son salaire ni les autres avantages collés aux
billets de banque.
En principe, ce président doit avoir dirigé
la négociation en pensant 1) au bien des actionnaires, 2) des employés, 3) des
fournisseurs et 4) de la société en général. Comme le disait si bien le groupe
Les Cyniques, nous voulons votre bien et nous l’aurons.
Je ne suis pas dans la tête du monsieur, mais
je suppose que l’équation s’est vite alignée : 20 millions dans mes
poches, c’est nécessairement bon pour la société québécoise. Sur sa photo de
l’onglet Comité de direction, à rona.ca, le monsieur a un grand sourire. On ne
dit pas si la photo a été prise avant ou après la transaction. Le mot profit
s’épèle en chiffres. On ne sait donc jamais vraiment combien vaut un sourire.
Une pièce de 1 dollar pèse six virgule
quatre-vingt-douze grammes. Si on multiplie par trois virgule deux milliards de
dollars, cela donne vingt-deux-millions-cent-quarante-quatre-mille kilos de
plus dans l’économie québécoise. Voilà le poids de cinq cents magasins et de vingt-deux-mille
employés. C’est surtout deux fois la valeur boursière de Rona. Mais l’Histoire
ne s’est jamais écrite avec des chiffres.
Il y a un remède à ce genre d’hémorragie.
Je suis président de Rona. Je dis aux
Américains je suis un monsieur de lettres, payez-moi en lettres. Rona recevra
ainsi trois virgule deux milliards de lettres. J’y ajouterai même les vingt
millions miennes. L’avantage des lettres, c’est que leur cours est au pair.
Aussi, elles voyagent léger. Je ferai livrer toutes ces lettres, accents inclus,
au Parlement, à Québec, et je les redistribuerai à ces 53% de concitoyens en
manque de lettres. C’est comme si nous faisions le plein de cotisations REER.
Une fois tout le monde lettré, nous serons
tous plus riches. Nous rayonnerons dans tous les secteurs. La générosité des
lettres est plus redoutable que celle des chiffres, car elle meuble les esprits.
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