La vie est belle. Il arrive qu’elle
le soit encore un peu plus. C’est arrivé cette semaine avec la magnifique
fresque des papiers peintres Ella et Pirt, sur les toits et le stationnement
d’Oxfam-Québec, à Montréal. La vie prend de la hauteur, elle nous emmène vers
une beauté où on se sent bien.
La fresque Les rois d’en bas est inspirée de la désolation des Népalais, suite
aux violents séismes d’avril dernier. Trois personnages se tiennent en boule,
chacun dans un cadre. Ils sont angoissés, démunis, ils veulent retourner dans
le ventre de leur mère. Le dernier bout, c’est moi qui l’invente. Mon père est
décédé en position foetale, il voulait revoir sa mère. Lorsqu’un tremblement de
terre coupe la vie autour de toi, je suppose que tu veux revoir ta mère.
J’ai fait partie du conseil
d’administration d’Oxfam-Québec durant 12 ans. Une magnifique expérience dans
une organisation hors norme. À part la Croix rouge et les Nations Unies, je ne
sais pas s’il existe une organisation de cette ampleur au monde. Le Ghanéen
Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unis, a déjà dit qu’Oxfam
était l’organisme le plus influent au monde.
Il faut aller en Haïti pour le
comprendre. Là-bas, je ne suis pas Oxfam du Québec, du Canada, d’America, ou de
Grande-Bretagne. Le mot Oxfam ouvre toutes les portes. Je dirais qu’il est
accompagné d’un soulagement. Oxfam respire.
La fresque d’Ella et Pitr aurait pu
se retrouver sur le toit de tous les Oxfam du monde. C’est un geste d’une
immense dimension, la nouvelle communication. Il interpelle instantanément la
mobilisation mondiale en rappelant la mission d’Oxfam auprès des réfugiés. Et
pour une rare fois, le geste est celui d’un rêve. Il n’est pas misérabiliste,
il ne s’acharne pas sur des victimes.
Au lieu de dire voici la misère, il propose
nous pouvons sortir de la misère. Il montre que la vie repose parfois sur une
angoisse, que ton voisin peut avoir besoin de toi pour retrouver son bonheur.
Dans la vie d’une société, un tremblement de terre est un caillou dans le
soulier. Il sera possible un jour de s’en débarrasser, sans jamais l’oublier.
J’étais en Haïti six mois après le
tremblement de terre qui a fait plus de 300 000 morts. J’allais rencontrer des
collègues des États-Unis, de Grande Bretagne, d’Italie, et d’Oxfam
International. Quand j’ai vu un petit film dans lequel des citoyens jouaient le
drame face à un public, j’ai compris que la reconstruction était commencée. La
misère a toujours le même visage, il est possible de le changer.
Je souhaite à Oxfam beaucoup de
fresques. Chacune nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. C’est l’expression
de la vie dans ce qu’elle fait de mieux.
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