samedi 1 février 2020

Bonjour



Les Québécois sont accueillants. À Montréal, même les taxis disent bonjour.

Le scientifique et humoriste Boucar Diouf l’a raconté. Un soir, il a dû se cacher dans un bar parce que des fêtards Blancs voulaient faire sa fête au Noir. Je ne répéterai pas les vrais mots.

Sa rencontre avec une gaspésienne et la Gaspésie a été plus heureuse. Les gens n’ont pas passé de commentaires sur sa jambe un peu plus courte que l’autre. Une belle surprise et un complexe de moins. Devant l’accueil québécois, Boucar Diouf a grandi un peu. Et nous l’aimons.

Le Québec est une société normale dans son ignorance et son accueil.

Le premier ministre François Legault tient à l’accueil. Il est prêt à recevoir moins d’immigrants au Québec, pourvu qu’ils soient mieux accueillis.

L’accueil prélude l’égalité.

Mon grand-père Joseph-Arthur a reçu des passants chez lui. Il leur offrait un repas, parfois une nuit.

Mon père a aidé des entrepreneurs à démarrer leur entreprise. Lorsqu’ils voulaient le remercier, il leur suggérait d’aider à leur tour.

Papa a embauché des détenus.

Nous avons été bien accueillis ici. On nous a dit installez-vous sur nos terres, mariez nos femmes et marchons la Grande Tortue ensemble. Lorsque vous serez malades, nous vous guérirons.

Les Premières Nations nous ont tout appris.

Nous accueillons comme nous avons été accueillis et pourtant, nous ignorons maintenant ces gens qui nous ont reçus.

François Legault ne sait pas quoi dire aux Premières Nations. Alors, il dit qu’il ne peut les rencontrer. Cela s’appelle jouer sur la relation. Jouer au grand en se montrant petit.

Parler de nation à nation prélude l’égalité.

François Legault a besoin d’aide.

Nous ignorons les Premières Nations parce que nous avons volontairement été séparés d’eux. Ils sont devenus des étrangers et nous avons peur de l’étranger. Mais un étranger, ça s’apprend.

La curiosité est l’apprentissage de l’étranger.

Du moment où je sais que nous avons été séparés par une volonté politique de faire des Premières Nations des parias, je sais que j’ai été manipulé. Je veux savoir.

Le vérité, c’est que les Premières Nations sont des sociétés très avancées sur la connaissance, la science, l’eau, l’air et le feu, la spiritualité, l’humour, la vie.

Ces connaissances ont agi sur nous comme un aimant. Dans les années 1680, dit l’anthropologue Serge Bouchard, quatre-vingt-cinq pour cent des Français qui arrivaient ici prenaient le bois. Ces hommes d’Europe ont marié les femmes d’ici et leur continent, la Grande Tortue.

Petit problème, les connaissances autochtones échappaient aux curés et à la mère patrie. Il fallait un mensonge. Le premier a été la religion.

Les Britanniques ont réglé la question en planifiant le vol des terres, le génocide et les politiques racistes. Ne pas avoir à se justifier, se débarrasser des témoins gênants. Une politique de la coupe à blanc, genre.

Les ingrédients du génocide ont été les réserves, les pensionnats, des politiciens, des religieux et des mensonges. Mais aussi les complices, médecins, notaires, policiers, juges et avocats, familles d’accueil. La séparation est devenue inévitable.

Petite parenthèse. Les Européens ont refait le coup en Afrique.

En 1885, treize pays européens et les États-Unis ont découpé l’Afrique en futures colonies. Il fallait apporter aux africains les bienfaits de la civilisation européenne. Aucun de ces diplomates n’avait mis les pieds en Afrique.

Aujourd’hui, l’image de l’Afrique, c’est la colonisation, la pauvreté et la pitié. Aux États-Unis, l’image des Noirs, c’est l’esclavage.

Si vous mettez la main sur la série Les grandes civilisations africaines, du réseau américain PBS, vous verrez l’ampleur de la vérité. La grandeur de l’Afrique est d’avoir tout inventé, même Sapiens. Ne comptez pas sur les Européens pour le raconter.

C’est la même chose ici. L’image des Premières Nations sont des stéréotypes véhiculés et répétés par les descendants des Européens, vous et moi.

Les sages font les proverbes et les sots les répètent, disait René Lévesque.

Nous répétons ces inepties par ignorance. Mais une fois que nous savons que nous colportons des mensonges, avons-nous le droit de fermer encore les yeux?

Pour contrer l’ignorance, il suffit d’ouvrir un livre et de tourner la page.

Il faut lire les récits des Premières Nations, retrouver l’étranger.

L’imaginaire est plus riche que la colère.

Il faut le dire à nos enfants et à François Legault.

N’ayez pas peur, monsieur Legault. Vous serez bien reçu.





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